"Aux explorateurs de l’inconnu qui aiment apprendre en faisant un pas en arrière sur le chemin des ancêtres." Pascale Arguedas

bibliothique

Le retour du sauvage (1)

Réintroductions du loup et de l’ours, stages de survie ou de cueillette des plantes sauvages, néo-paganisme (plus ou moins ambigu), raves et autres teknivals extatiques, réveil des fêtes traditionnelles, engouement populaire pour les arts premiers, thérapie régressives, développement de la chasse et de la nourriture à base de gibier, attrait pour le nomadisme, etc… Le P.P. est loin d’être un cas à part, marginal : le « retour du sauvage » est un véritable phénomène d’époque.

Simple effet de mode ou changement de paradigme marquant l’entrée dans la « postmodernité » ?

Sergio Dalla Bernardina, professeur d’ethnologie, explore la question dans un petit bijou de pertinence et d’ironie publié aux Presses Universitaires de Rennes : Le retour du prédateur, mises en scène du sauvage dans la société post-rurale.

Je résumerais son étude ainsi : beaucoup de posture, de mise en scène et de fantasme dans cette « envie (urbaine) de sauvage » qui semble tout de même marquer la fin d’une civilisation rurale, issue du néolithique comme du christianisme, et notamment basée sur la claire distinction du domestique et du sauvage, assimilés au Bien et au Mal.

Mais prôner l’ensauvagement, n’est-ce pas dans le même temps une façon de vouloir le domestiquer, donc de lui ôter toute sa substance, un nouvel avatar de « la maladie qui se prend pour le remède » en quelque sorte ?


Nous, les singes

Même si nous rechignons souvent à l’admettre, nous sommes des primates. Des super-primates, certes, mais rien de plus et sûrement pas des anges déchus ou on ne sait quelle fiction du genre. C’est ce qui explique tout bonnement que nous soyons si curieux,  inventifs, bavards, paresseux, peureux, passionnés, infidèles, grégaires, etc. et si peu confiants, autonomes, tolérants, propres, etc.

Bien entendu, tout serait autrement si nous descendions de la fourmi, de l’éléphant, du chat, des aigles ou de n’importe quel autre animal.

L’humoriste américain Clarence Day a fait de cette réflexion un petit bijou d’humour et de pertinence en 1920 : This Simian World (que Phébus édite en poche depuis 2007 sous le titre Nous, les singes, pour à peine 7 euros).

En voici ce qui me semble être la morale :

« […] Notre problème n’est pas de découvrir comment nous devrions nous comporter si nous étions différents, mais comment nous devons nous comporter, étant ce que nous sommes. Nous pouvons imaginer jusqu’à plus soif des êtres différents de nous ; mais ils n’existent pas, et quand bien même ils existeraient, impossible de certifier qu’ils seraient meilleurs. […] Trop de moralistes fondent leur morale sur leur dégoût de la réalité : leur dégoût des hommes tels qu’ils sont. Libre à eux de ne pas les apprécier, mais pas d’être en même temps des moralistes. Leur attitude les conduit à ignorer ce qui devrait être une obligation pour tous les enseignants, « découvrir le meilleur de ce que l’homme peut accomplir, et non lui imposer des buts impossibles en lui disant qu’il sera damné s’il ne les atteint pas. » L’homme peut être modelé – considérablement – et il est souhaitable qu’il ait des aspirations. Mais il a tendance à s’empresser d’accepter n’importe quel idéal sans se demander s’il est adapté à un usage primate. […] »

Je me demande si, sous ses aspects légers, ce n’est pas un des livres les plus profonds qu’il m’ait été donné de lire ces derniers temps.


Ao : un film, trois livres

Au départ, c’est un livre : Ao, l’homme ancien, le premier tome d’une trilogie de Marc Klapczynski, L’Odyssée du dernier Neandertal.

Jacques Malaterre (le réalisateur de L’Odyssée de l’espèce et Homo Sapiens) en a fait un film, Ao, le dernier Neandertal, qui sortira le 29 septembre prochain.

Des déclinaisons en roman jeunesse (Ao, le dernier Neandertal) et album jeunesse (Ao, le petit Neandertal) sont également disponibles, magnifiquement illustrés par Emmanuel Roudier.

Chacun peut donc y trouver son compte et se faire un avis. (Vous trouverez notamment celui de Hominidés.com sur le film en cliquant ici).


L’horreur du retour aux cavernes

« Le mouvement de la décroissance est abusivement assimilé à un retour à la vie des cavernes. Certains s’imaginent obligés de renoncer à la chaleur, au confort, à la sécurité pour revenir à un mode de vie bestial, terrés dans le fond d’une grotte humide, sans issue et sans éclairage, couverts de peaux de bêtes et obligés de partager la viande crue et les baies du voisinage.

Cette vision de la décadence humaine illustre bien le sentiment général : c’est la technologie qui dresse un rempart nous empêchant de revenir à la bête, et non l’exercice des valeurs, du savoir, de la culture, de l’éthique. Pour ne pas plonger dans la barbarie, nous ne recherchons pas la philosophie ou l’intelligence, mais le rasoir électrique. Les gadgets électroniques qui envahissent notre maison sont pour nous les garde-fous contre la déchéance et la bestialité.

Pensant que la décroissance va remettre en cause ces objets fétiches et magiques qui défendent notre humanité, nous craignons de replonger dans le marécage préhistorique.

Nous sentons-nous si près de l’animal que nous ne puissions vivre sans ces objets d’appartenance au monde technologique que sont les ordinateurs, les téléviseurs, les téléphones portables ? Nos connaissane, nos valeurs ne nous paraissent-elles pas déjà suffisamment civilisées ?

L’assimilation de la décroissance à l’âge des cavernes montre bien que nous ne croyons plus à la loi, à la culture, à la pensée. Pour nous éloigner de l’animal, nous préférons ce qui nous déshumanise. »

(extrait de L’Avenir est notre poubelle, L’alternative de la décroissance, de Jean-Luc Coudray, Sulliver, 2010)


Joann Sfar : La Vallée des Merveilles (tome 1), Chasseur-Cueilleur

On va beaucoup entendre parler de Joann Sfar dans les jours qui viennent : son premier film (Gainsbourg, vie héroïque) semble en effet attendu.

Joann Sfar est toutefois avant tout un auteur de BD. On ne peut pas dire qu’il dessine bien (disons qu’il opte pour un trait simple et énergique) mais sait créer un univers singulier, familier et envoûtant et a déjà publié, si j’en crois sa bibliographie, plus d’une centaine ouvrages .

Je suis tombé récemment et par hasard sur le premier tome « Chasseur-Cueilleur » d’une nouvelle série prometteuse : La Vallée des Merveilles.

En voici le résumé (extrait d’ici) :

« Pot de Miel, sa famille et ses copains vivent dans un décor de rêve au bord de la Méditerranée — sans les touristes, vu que nous sommes en pleine Préhistoire. Il fait beau, la vie est belle, mais Nuit des Câlins en a marre du poisson-manioc. Donc, Pot de Miel et son copain Grand Nez Qui Déniche partent à la chasse. Ce qui leur vaut un tas de rencontres palpitantes : quelques dragons et dinosaures d’époque (ou à peu près), L’Oracle (un condensé de pessimisme), un clan de «civilisés» occupés à sacrifier d’autres «civilisés», un guerrier professionnel qui tient à trucider le monde pour expier ses très grandes fautes et, enfin, des cultivateurs de courgettes. Si bien qu’ils reviendront à la grotte familiale avec des graines et la recette des « petits farcis » (courgettes-opossum) — ce qui constitue un sérieux progrès pour la gastronomie préhistorique. »

Bien entendu, rien n’est réaliste. « C’est le contraire d’un livre éducatif, dit l’auteur dans l’excellent bonus des dernières pages, on n’en sort pas plus intelligent mais j’espère qu’on se marre bien ». C’est toutefois moins drôle que Silex and the city ou du moins ce n’est pas le même humour (basé sur l’anachronisme potache). Cela ressemble davantage à une grande rêverie où l’auteur s’imagine avec sa famille vivant en « préhisto » comme dans un « Heroic Fantasy ».

La dédicace est la suivante : « Merci à madame Klein, ma maîtresse d’école de CP et de CM2, de nous avoir si souvent emmenés au musée de paléontologie de Terra Amata, à Nice. Grâce à elle et à Conan le Barbare j’ai appris très tôt à me comporter comme un sauvage. »

Si ça ne vous donne pas envie d’aller y jeter un oeil…


Et si on partageait aussi son chez-soi ?

En lisant un article sur le net, je suis tombé sur le concept de « coopérative d’habitat » ou comment recycler de vieux concepts des années 70 :

L’article pointait sur une asso nommée Habicoop présentant les vertues d’une habitation collective.

Parce que je suis fainéant, je vous copie la définition qu’ils en donnent :

(suite…)


Un très vieux compagnon : l’alcool

« Quel est le liquide magique qu’on peut se procurer partout, sous l’équateur aussi bien que sous la banquise, et qui n’existe pas à l’état naturel, alors que la nature entière est à ses ordres ? Tout lui est bon : insectes, fruits, baies, l’avant-garde bientôt suivie par le gros de la troupe, les céréales, les tubercules, les bulbes, la sève, l’herbe, le lait. Les procédés de fabrication ? Ils sont si nombreux, n’importe lesquels : on écrase, on mâche, on laisse pourrir, on gèle, on chauffe. Tout réussit à partir de n’importe quoi. Dans le cycle de l’alcool, on ne rencontre guère qu’une difficulté, quand il s’agit de le faire boire. Elle n’est d’ailleurs pas si courante, et se trouve vite vaincue […].

L’alcool peut tout et il fait face à tout : il éveille et il endort, il épuise ou il nourrit, il engraisse ou il amincit, il tue ou il guérit. Jamais neutre, toujours fier et têtu. Il ne s’est jamais laissé réduire en poudre ou concentrer en pilules. Il se boit mais ne se mange pas. De la baie de genièvre au gin, de l’hydromel à l’aquavit, l’alcool a accompagné l’homme tout au long de son parcours.

[…] Aujourd’hui milliardaire en tous pays, l’alcool a mauvaise presse. N’aurait-il enchanté que des ingrats ? Vin de bouleau, de genièvre, de pomme, décoction d’ivraie, infusion de pavots… il se pourrait qu’il ait été le premier plat cuisiné, c’est-à-dire non prélevé directement sur la nature. Sans même avoir à y songer, on obtenait une transformation qui équivalait à une cuisson. Transformation, révélation. Comment en un or pur ce cuivre s’est-il changé ? L’utile complétant l’agréable, l’alcool a peut-être répondu le premier à la question : comment passer l’hiver ? Avec trois pommes on obtient une bolée de cidre qui durera toute l’année. Conserve et parfois conservateur, le vin est un aliment, comme Pasteur l’a souligné. Et, quand le feu viendra, il sera l’élément le plus dynamique de la nouvelle cuisine. »

(Raymond Dumay, Le Rat et l’Abeille, Court traité de gastronomie préhistorique, Phébus, 1997)


Noël au bistrot…

Avec Jean-Marie Gourio, on y boit pas que de l’eau, c’est peut-être moins intello, mais tellement plus rigolo. Donc tout autant « préhisto ».

Allez ! Santé ! C ‘est le PP qui paye la tournée !

BREVES DE COMPTOIR :

Avec tous ces Pères Noël dans les rues, moi je tiens mon portefeuille…

***
La Noël, c’est une fête de famille.
— Nous, on réveillonne en famille.
— C’est la seule fête de famille où toute la famille est malade en même temps.

***
Ça me rappelle quand j’étais petit.
— Quoi ?
— Tous ces cons avec des paquets.

***
La Noël, j’ai toujours le cafard.
— C’est pas fait pour des gens comme nous… nous, on a notre arrivée du beaujolais nouveau.
— Le beaujolais nouveau, j’ai toujours le cafard.
— Alors toi, tu vieillis mal !

***
Sur les images, ils feraient bien de remplacer les rennes du Père Noël par des fusées.
Des rennes qui volent, à mon avis, c’est beaucoup plus moderne que des fusées en fer.

***
On redevient tous des enfants.
— Pas moi !

***
Jésus est né le jour de Noël.
— C’est con, parce que ça lui fait le même jour la Noël et son anniversaire.

(cliquer sur Continue reading)
(suite…)


On « La route » again…

Le livre avait marqué tous ses lecteurs l’année dernière. Le film est sorti hier.

Allez donc y voir — et/ou y lire — et dites-nous au retour si le P.P. n’y est pas !


Silex and the city

Dans la série « préhistoire traitée de façon anachronique » (donc humoristique), on a déjà abordé le cinéma et aperçu, dans le domaine littéraire,  le fameux Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis).

Dans le rayon BD, est sorti cette année Silex and the city, de Jul.

« C’est la crise ? Investissez dans l’Âge de pierre ! », nous conseille le 4e de couverture. On ne saurait mieux le dire… et vous le conseiller à notre tour.

Vous ferez notamment connaissance avec la famille Dotcom : le grand-père Julius (ancien de Mai 68 000 avant JC), le père Blog (prof de chasse et « Homo erectus qui se lève tôt »), la mère Spam (prof de Préhistoire-Géo en Zone d’Evolution Prioritaire), la fille Web (Dolto-Sapiens et Fashion-victim) et le fils Url (alter-darwiniste radical : anti-fourrure, anti-chasse et anti-feu).

(suite…)


Sous le préhistorien, même scientifique, se cache… devinez quoi ?

…Un « préhisto », bien sûr !

C’est en tout cas Jacques Collina-Girard (cf. photo) qui le dit en conclusion de son ouvrage intitulé Le feu sans allumettes (éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1998). Et c’est assez amusant pour être rapporté ici.

Petit résumé, donc.

Lorsqu’elle évoque la production de feu par friction, la littérature scientifique a coutume d’avancer l’idée que la réussite de l’entreprise nécessite la combinaison de deux bois aux caractéristiques bien différénte : un bois dur pour le forêt (ou « drille »), un bois tendre pour la planchette.

Or, l’expérimentation rigoureuse qu’il a menée sur la question (20 bois testés deux à deux lors de 200 essais) démontre que cela ne  se rapporte à aucune réalité objective car les meilleures combustions ont toujours lieu avec deux bois tendres (qui s’usent vite et produisent beaucoup de sciure).

D’où vient l’erreur ?

Tout simplement, selon lui, d’une persistance de la « pensée sauvage » au coeur même de la rationalité scientifique : une imagerie anthropomorphique instinctive inciterait en effet à reporter, de façon analogique, l’opposition mâle/femelle sur le monde extérieur (même dénué de toute sexualité).

Intéressant, non ?

Vision binaire du monde, quand tu nous tiens !


Littérature et préhistoire

Bon, c’est sûr, a priori il y a incompatibilité entre littérature et préhistoire, cette époque caractérisée par l’absence d’écrirure. Pourtant, c’est un thème qu’elle a maintes fois — plus ou moins heureusement — exploré. Sans doute est-elle, par nature, attirée par ce qui lui est étranger et fait dès lors mystère.

Petit florilège, donc, de ces « fictions préhistoriques » (dans l’ordre chronologique). A vous de choisir celles qui vous accompagneront éventuellement cet été. Et on en recause après, si vous le souhaitez.

Rulaman de David Friedrich Weinland (1878)

Vamireh des Frères Rosny (1894)

Avant Adam de Jack London (1907)

La guerre du feu de J.H. Rosny Aîné (1911), suivi de Le félin géant (1920)

Le monde perdu de Arthur Conan Doyle (1912)

La femme des cavernes de Edgar Rice Burroughs (1913), suivi de Retour à l’âge de pierre (1935)

Daâh le premier Homme de Edmond Haraucourt (1914)

(…) (suite…)


Des préhistos parmi nous (3) : Bernard Charbonneau

Quelqu’un qui écrit cela est forcément préhisto :

« Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir, qui est celui de faire ce qui ne peut être fait autrement. »

Quelle claque, non ?

vu sur Home: l’argent tombé du ciel?


Les besoins préhistos ou…

Dans la série « Retrouvons le préhisto en nous et réactivons ses gestes ancestraux« , c’est bien beau de peaufiner la consommation de plantes sauvages mais pourquoi ne pas aller jusqu’au bout du processus.

Que faire, donc, une fois qu’elles sont digérées ?

N’y a-t-il pas là aussi, comme le suggère Kathleen Meyer, un « art perdu » à retrouver ? (suite…)


Fête du Parti Préhistorique

Allez, on va dire que c’est calé :

La grande fête annuelle du PP aura lieu cette année le samedi 23 et dimanche 24 mai, à la Petite Echelle (ce qui ne nous empêchera évidemment pas d’aller dans la « Cage à Goux Goux » le week-end suivant ni de refaire un ti kekchose le 21 juin).

Vous pourrez loger dans le tipi ou les deux yourtes (« nature »), si vous vous y prenez à temps pour réserver, ou dans les prés ou bois alentours (avec ou sans tente).

Le programme précis (à supposer qu’on en établisse un) sera défini plus tard, en fonction des participants et de leurs suggestions. On essaye déjà d’y faire venir Sammy Decoster ? On prévoit aussi la possibilité d’une séance de ciné-PP-club (Les Dieux sont tombés sur la tête, ou autre chose) , si possible en plein air ?

L’am’Isidore sera absent le samedi (il jouera son spectacle dans le Jura) mais nous rejoindra le dimanche matin. Si certains le souhaitent, il pourra éventuellement venir jouer aussi à la Petite Echelle le vendredi soir.

Quoi d’autre ?

Pour trouver l’emplacement de la petite echelle :

INSERT_MAP


une expérience stupéfiante : la lecture de Georges Yemy

L’histoire : celle d’un enfant soldat albinos, en Afrique. Il a 12 ans, il vit en meute avec d’autres enfants soldats comme lui,  sous les ordres d’un sergent cynique qui les drogue avec force brassées de pilules, et il tue, viole, torture, tue encore. Quand son contingent est décimé, qu’ il est libéré de la drogue et de la meute, il entreprend de faire face aux crimes qui le hantent, sur un chemin qui semble être celui de la rédemption.

Ce roman est une expérience stupéfiante dans le sens où les mots y perdent toute forme rigide et se métamorphosent pour mieux pénétrer les profondeurs du lecteur. On plonge dans la magie du monde. Et si violents, si insoutenables parfois que soient les propos, il m’a semblé percevoir une forme d’acceptation du monde tel qu’on l’a souvent évoquée au PP, à savoir que tout est un tout. Que le mal, le bien, sont des notions absurdes. Qu’il n’y a pas forcément de début, ni de fin, plutôt un mouvement, puissamment imprégné de sacré.

Je n’ai pas trouvé le terme pour définir ce qui m’a le plus happée dans ce livre : « mysticisme » est trop pauvre, « panthéisme » aussi, et « sacré », curieusement, est réducteur. Il y a des souffles, des lumières, un jeu d’ombres…des choses qui ne sont pas exactement telles qu’on croit les voir. D’ailleurs le héros est un albinos au regard qui vacille…

J’aimerais beaucoup pouvoir parler de ce roman extraordinaire, mais les mots me manquent. Il faudrait que vous le lisiez, et que l’auteur s’exprime ici…


La cuisine paléolithique

Après avoir rencontré le personnage dans l’article intitulé Vivons-nous des temps cathares ?, revenons un peu sur le trop méconnu Joseph Delteil.

Rappelons qu’en 1937 l’écrivain se retire « en paléolithie » : au lieu-dit la Tuilerie de Massane, près de Montpellier. Loin de la civilisation, à l’écoute des sens, mi-poète, mi-vigneron, avec, au corps, la mémoire de ses aïeux magdaléniens qui vivaient, voilà vingt-cinq mille ans, des simples productions de la terre, il fait peau neuve et rêve de redevenir le premier homme. Nu. Innocent.

De là naîtra notamment sa provocante Cuisine paléolithique, hymne à la cuisine brute (comme il y a un art brut), au plat unique et aux recettes de grands-mères secrètement préservées, au plus loin, donc, des goûts sophistiqués de ses contemporains, dont je me délecte de copier ci-dessous un extrait de la préface (malicieusement intitulée Hors-d’oeuvre) :

(suite…)


Robinson à Besançon

Dans la série des « Robinsonades » on a déjà évoqué sur ce blog Jeremiah Johnson, Henri David Thoreau (le grand pionnier) et longuement discuté d’Into the Wild et de Christopher Mac-Candless. Profitant de sa venue prochaine à Besançon (invité les 13 et 14 novembre par la librairie Camponovo), parlons maintenant un peu de Pete Fromm.

(suite…)


Le cantique de l’apocalypse joyeuse

Cette période de crise financière internationale est peut-être le moment idéal pour présenter cet ouvrage, qui fait partie de ceux qui m’ont le plus marqué cet été.

(suite…)


ALBERT COSSERY : Mendiants et orgueilleux (1955)

Bon,  c’est vrai, j’en ai déjà parlé (au commentaire 84 de Sous les pavés… la sieste ! ), mais comme je me suis plongé dedans cet été, que c’est — avec deux ou trois autres que j’espère avoir le temps de vous présenter un de ces quatres — un des livres récemment lu qui m’a le plus marqué (plus que ça même : insidieusement transformé), que je sais qu’Amélie et Isidore (cf. commentaire 43) pourront confronter leur point de vue et que je reviens de vacances avec l’envie de tenter une rubrique littéraire autour de la thématique — vaste et vague — du PP, bref j’ai plein de raisons de me permettre d’y revenir aujourd’hui. (suite…)


Sous les pavés… la sieste

Je me demande si le plus grand luxe ici-bas, mais surtout la plus grande résistance (subversion ?) à cette Modernité progressiste — qui vise toujours implicitement à « travailler plus pour gagner plus » — n’est pas tout simplement la paresse.

(suite…)


La rencontre des « Grands Esprits »

On a beau se tourner sur le passé — se prétendre même « préhisto » — on n’en est pas moins visionnaires au PP.

La preuve ?

Depuis notre résurgence, on vous a déjà parlé de Préhistoire, de Postmodernité, de plantes sauvages (donc de François Couplan), etc.

Et bien devinez ce qu’on trouve depuis aujourd’hui en librairie…

Extrait de la 4e de couverture :

« Devenez à votre tour un sauvage postmoderne et portez-vous mieux en suivant les conseils quotidienbs d’un grand amoureux de la Terre ! »


Les Enfants de la Terre – tome 1

couv-enfants-de-la-terre.jpgAlya, jeune « homo sapiens » de 5 ans, perd ses parents et tout son clan à la suite d’un tremblement de terre. Elle erre seule plusieurs jours et est recueillie, presque morte, par un clan de Néanderthal. Ses différences, et surtout son apparente supériorité rendent son intégration difficile. Elle partage le foyer de sa mère adoptive, guérisseuse de renom, issue d’une grande lignée de guérisseuses, et de son frère, le plus puissant des sorciers, l’effrayant, le défiguré Mog-ur. (suite…)


Fugit irreparabile tempus

attendant l’heure
Je suis moi par habitude, comme une salle d’auberge vide qui se souvient de ses hôtes absents, comme un carrefour abandonné. La pluie va venir.

Le vent traîne sur le perron de ciment, avec le bruit de journaux qu’on froisse, de grosses feuilles d’aristoloche desséchées. Puis  il se jette dans les rideaux bombés comme des voiles et tire de leurs plis  la triste odeur des cigares éteints. Le  lait fume sur la grosse nappe grise, près du pain gris et du beurre couleur d’orange.

Une cuiller de plomb est fichée de biais dans un verre à côtes plein d’une gelée de fruits trouble comme un vin mort. La femme est retournée dans sa cuisine.  Je reste seul dans cette salle avec le matin de novembre qui commence, comme lui sans force, inexplicablement heureux.

Gustave Roud

Air de la solitude

Éditions l’âge d’homme