"Aux explorateurs de l’inconnu qui aiment apprendre en faisant un pas en arrière sur le chemin des ancêtres." Pascale Arguedas

poétique

Des préhistos parmi nous (8) : Malcolm de Chazal

En cette période de Samain, rallumons le feu en dormance du blog et saluons  l’apparition, en librairie, de deux ouvrages de Bernard Violet portant sur un poète mauricien souvent cité ici,  Malcolm de Chazal : A la rencontre de Malcolm de Chazal et Malcolm et La princesse et le dromadaire.

On y découvre un personnage hors norme, mégalomane, provocateur,  déroutant, irritant mais aussi attachant et sans nulle doute « préhisto ».  Ne se présente-t-il d’ailleurs lui-même comme « un être revenu aux origines » ?

Tâchant d’unir conscient et inconscient, rêve et réalité, il publia notamment en 1947 un étrange recueil d’aphorismes métaphoriques, drôles et percutants, Sens-Plastique, applaudi par Jean Paulhan, André Breton, Georges Duhamel, Francis Ponge, Jean Dubuffet, Georges Braque et André Gide.

Sa méthode, plutôt singulière,  teintée de mystique et d’occultisme (il était descendant d’un disciple du mystérieux comte de Saint-Germain), visait, par une sorte de somnambulisme lucide, la « fusion des cinq sens pour arriver au sixième : le sens du voyant. »

Précurseur incompris ou mystificateur génial, il développa en tout cas un art de l’image brut et percutant qui va au plus près la sorcellerie du langage.

A la fin de sa vie, il quitta les mots et poursuivit sa quête dans une peinture à l’image de sa poésie :  naïve et colorée.


Haïku de nivôse (janvier)

Petit haïku

Pointe discrètement son nez

Le dégel, déjà ?


Haïku de frimaire (décembre)

Dur d’imaginer

Les automnes-hivers avant

L’invention du feu

*

Milliers de moucherons

Sous le lampadaire virevoltent

Ah non ! Juste : il neige !

*

La neige tombe toujours

Face blanche, pure, dessus ; côté

Sale, boueux, dessous.

*

Un redoux, hélas !

Les pas sur la neige passent de

« crrr… crrr… » à « splaouch » !

*


Haïku de brumaire (novembre)

On a déjà tenté le journal extime puis, épisodiquement, les haïku de saison, ici ou .

Tentons de maintenir une fréquence régulière (mensuelle) aux petits poèmes de dix-sept syllabes d’inspiration japonaise.

Première salve :

Vert, jaune, rouge ou brun

Tôt, tard, chaque arbre a son style

Pour se défeuiller

*

Supplice de Sisyphe !

Chaque automne de l’arbre retombe

Ce qu’il a hissé

*

Est-il affolé

Ou ravi, l’oiseau, dans l’arbre

Quand il perd ses feuilles ?

* (suite…)


Frère Cerf

Son brame, sorti du fond des âges, retentit en cette période en nos bois. Occasion de rendre une nouvelle fois hommage à celui qui sans nul doute fascina nos ancêtres.

Beaucoup de choses ont déjà été dites ici… mais il reste tant encore à dire sur le sujet !


Ces tribus aux moeurs étranges ou…

… Petit éloge de l’anthropodiversité

La pulsion de créativité humaine ne limite pas son champ d’action aux seuls domaines dits « artistiques » (assemblages de sons, de couleurs, de gestes, etc.). Elle s’étend aussi aux us et coutumes de la vie collective : l’art de vivre ensemble.

Rendons ici hommage à cette incroyable diversité des moeurs — réelles ou imaginaires !


La poésie

« La poésie est la forme la plus arriérée de la littérature. Dans l’histoire de l’humanité comme dans la vie d’un homme, c’est la première chose qu’on écrit : L’Illiade, c’est de la poésie. »

Cet extrait d’une interview de Charles Dantzig (dans le Nouvel Obs N°2362) est l’occasion saisie pour ouvrir ce vaste sujet.


La neige

Mais qu’est-ce donc que ce voile blanc qui descend par fragment recouvrir — et effacer — toute chose ici-bas ?

Et pourquoi suscite-t-il en nous, malgré tous ses désagréments, une si irrépressible frénésie ?


la lune

Quel attracteur étrange que cette Lune qui fait lever les océans, hurler les loups, soupirer d’extase l’enfant sauvage (voir commentaire 32) et chanter tous les poètes !

Et vous — préhistos, modernes (plus ou moins « post ») –, que vous inspire-t-elle ?


Haïkus d’automne

Changement d’saison

Certes, mais le jeu reste le même :

Haïkuiser.


Une révolution tranquille. Chapitre 2: « Lucifer ou la vanité de la pensée »

La lecture d’un ouvrage de Jiddu Krishnamurti « Vivre dans un monde en crise » (Pocket) a fait rebond sur les réflexions suscitées par la vidéo des deux cerveaux. En effet, ce penseur singulier , parcourant le monde sa vie durant, de conférences en conférences, pratiquant une forme de maïeutique pour transmettre son message de libération, n’a eu de cesse de mettre en garde contre les séductions de Lucifer : « le porteur de lumière », la part d’ombre redoutable du processus de la pensée qui anime l’humain .

Nous décrivant par le menu tout ce qui peut nous égarer dans cette expérience pourtant salutaire et libératrice, il insiste sans cesse sur la quête d’une pensée qui soit aussi une non-pensée, c’est à dire une pensée libérée de toute projection, jouant de l’idée sans en être dupe, et totalement inscrite dans le ici et maintenant de notre présence au monde : en quelque sorte une pensée capable d’unifier nos deux modes d’appréhension du monde : cerveau droit et cerveau gauche.


Haïkus d’été

Les vacances avaient un peu air japonais cet été. Avec l’ami Pierre, je me suis amusé à tenter de pondre chaque jour mon petit haïku. Formellement, c’est tout simple : un petit poème de trois vers, si possible rythmé en 5-7-5 syllabes. Après, si on veut être puriste, ça devient plus compliqué (surtout pour un occidental) puisqu’il faut tâcher d’éviter tout lyrisme, toute métaphore, toute pensée, bref toute pesanteur « humaine trop humaine » et viser l’idéal japonais du yûgen (« mystère inefable »). Il s’agit en quelque sorte de toucher du bout de plume l’infime et l’éphémère.

Je ne prétends évidemment pas y être parvenu, mais je dois avouer que l’exercice en vaut la peine. Je ne pense pas qu’on puisse directement le qualifier de « préhisto » mais nul doute qu’il nous désoccidentalise un peu, ne serait-ce qu’en faisant travailler notre cerveau droit (revoir à ce sujet l’article d’Isi, et notamment le lien du commentaire 12).

N’hésitez donc pas à joindre les vôtres aux miens !


Des préhistos parmi nous (4) : Eugène Guillevic

« […] Je suis un homme de la préhistoire. Je ne suis pas un homme de la société industrielle. Je vis intérieurement, au fond de moi, dans la préhistoire, dans l’élémentaire. Ca ne m’empêche pas d’être un homme sociable et un « contribuable honnête et sincère », mais profondément, je suis enraciné dans l’élémentaire. La pierre me donne une émotion, réelle, première. Pas la même qu’un visage de femme, mais aussi profonde. Et l’eau est sans doute primordiale pour moi, comme elle l’est dans la réalité des choses. […] »

(Choses parlées, Champ Vallon, 1982)


Le ciel étoilé

Nous autres, Modernes, y voyons un grand espace vide et froid, en expansion depuis le Big Bang, et des milliards de galaxies et d’étoiles, comme autant de Soleil plus ou moins semblables au nôtre. Une vision, somme toute, pas si « désenchantée » que cela.

Mais que pouvaient donc y voir les « préhistos » ?

(Toutes les hypothèses, même les plus farfelues, sont évidemment acceptées)


poiein

Nos poètes ne sont autres que les chamanes des temps anciens qui, s’enfonçant sous terre, traçaient des signes sur les parois pour en faire émerger les âmes animales.


Fête du Parti Préhistorique

Allez, on va dire que c’est calé :

La grande fête annuelle du PP aura lieu cette année le samedi 23 et dimanche 24 mai, à la Petite Echelle (ce qui ne nous empêchera évidemment pas d’aller dans la « Cage à Goux Goux » le week-end suivant ni de refaire un ti kekchose le 21 juin).

Vous pourrez loger dans le tipi ou les deux yourtes (« nature »), si vous vous y prenez à temps pour réserver, ou dans les prés ou bois alentours (avec ou sans tente).

Le programme précis (à supposer qu’on en établisse un) sera défini plus tard, en fonction des participants et de leurs suggestions. On essaye déjà d’y faire venir Sammy Decoster ? On prévoit aussi la possibilité d’une séance de ciné-PP-club (Les Dieux sont tombés sur la tête, ou autre chose) , si possible en plein air ?

L’am’Isidore sera absent le samedi (il jouera son spectacle dans le Jura) mais nous rejoindra le dimanche matin. Si certains le souhaitent, il pourra éventuellement venir jouer aussi à la Petite Echelle le vendredi soir.

Quoi d’autre ?

Pour trouver l’emplacement de la petite echelle :

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Les contes de ma tribu (2) : le printemps

Allez, vous avez bien quelques histoires — ou de simples mots — qui, comme un peu tout autour de nous, bourgeonnent et ne demandent qu’à suivre le mouvement et s’épanouir ?

Et d’abord, c’est quoi le printemps ?


Et vous, quelle est votre quête ?

Avec l’allongement de la durée de la vie, il semble que nous nous soyons tous plus ou moins consciemment forgé un projet de vie, un idéal vers lequel tendre : bonheur, joie, paix, calme, volupté … ? Quelle est votre quête profonde ?


Remythons-nous !

Isidore vient de lancer brillamment le mouvement en commentaire de l’article précédent (voir ici).

Encourageons-le à poursuivre et tentons même, autant que possible, d’en faire autant.

A l’instar de Petit-Louis qui se montrait plus fidèle à nos glorieux ancêtres en poursuivant leurs fresques que les savants qui les « universithèsent », créons nous aussi des mythes et autres contes cosmogoniques.

Ainsi donc, pour vous, le monde, il est né comment ? Il vient d’où ? Et l’Humain ? Et le feu ? Et… je ne sais quoi d’autre ?

Les temps — postmodernes — sont en effet venus d’enfin révéler la vérité !


L’hiver

A 12 h 04 précises nous — habitants de l’hémisphère Nord — sommes entrés en hiver.

Bienvenue, donc, dans la saison froide… ou des jours qui rallongent (selon votre humeur ou votre point de vue) !


Crise !

crise

A propos de crise, voici un texte proposé par un ami cher.

« Cet embrun que la tempête économique pousse devant nos yeux, ce blabla de papier, cette rumeur brûlante d’une catastrophe annoncée depuis bien longtemps, esquive systématiquement la vérité de cet arrêt brutal. Certes la bourse s’effondre, certes les banques ont vu fondre des avoirs fictifs en quelques jours, mais pourquoi ?

(suite…)


Automne

L’équinoxe — rare événement mondial — marque dans notre hémisphère la fin de l’été, le retour des nuits plus longues que les jours, bref… l’entrée dans l’automne.

Le calendrier républicain faisait de cette saison la première de l’année. Et vous, quelle place lui donnez-vous ? 

Et puis, surtout, est-elle pour vous plutôt symbole de tristesse ou de sérénité ?


Ô liberté, rose enclose dans le coeur…

Si par le plus grand des hasards on me demandait quelle définition il me venait de donner à la notion de “liberté”, il y aurait de fortes chances pour que je choisisse celle-ci: ” pouvoir dont nous disposons pour faire échec à tous les déterminismes et tous les fatalismes du monde”…  Juste de quoi faire la nique à cet autre pouvoir  irréductible qui agit le monde: “Le pouvoir issu de la volonté de domination”. Et si le second procède de la mécanique des choses, de la simple mais puissante pesanteur du monde et  atteint des sommets d’efficacité lorsque la volonté s’en mêle, le premier ne procède que de la volonté et trouve de formidables alliés dans une audace jubilatoire. En somme, la liberté, une magicienne très habile pour contrarier l’esprit de sérieux…


Variation sur les masques

Qu’ils aient pour fonction de séduire,…

(suite…)