Pas plus là-bas qu’ici
« […] Fiction naïve de l’innocence préservée, de la préhistoire qui dure. Si prompt à s’extasier devant l’authenticité du Peul et du Massaï, le voyageur occidental refuse de reconnaître ou d’assumer la sienne — soudain, curieusement, authenticité égale rusticité. Puis il feint d’envier le Peul et le Massaï qui n’ont pas perdu la leur et il se lamente d’appartenir, quant à lui, à une civilisation en déroute, incohérente et fausse.
Mais ce ravissement et ce refus et cette feinte et cette lamentation caractérisent précisément l’authentique voyageur occidental. […] »
(Eric Chevillard, Oreille rouge, Minuit, 2005)