"Aux explorateurs de l’inconnu qui aiment apprendre en faisant un pas en arrière sur le chemin des ancêtres." Pascale Arguedas

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Neandertal… et la mythologie judéo-chrétienne

Dans Le Monde, magazine de cette semaine, un article de Stéphane Foucart,  intitulé « Comment Neandertal écrit une autre histoire de l’homme », dont j’extrais le passage suivant :

« […] la tentation est forte de tout ramener à sapiens — et de préférence à Cro-Magnon, sa version européenne. « Lorsqu’on a découvert en 1994 la grotte Chauvet, qui plantait à 32 000 ans un art extraordinairement maîtrisé, on a frémi en se disant : « C’est en Occident que ça a commencé ! » raconte le paléoanthropologue Pascal Picq (Collège de France). Et puis il y a eu les découvertes de Blombos, en Afrique du Sud, qui remontent à plus de 70 000 ans ! » Il s’agissait alors de parures de coquillages, les plus anciens bijoux jamais exhumés. L’art n’est donc pas né en Europe. Est-il né avec sapiens ? Là encore, rien n’est moins sûr : « Certains bifaces, qui remontent à un million d’années, sont déjà en quelque sorte des objets d’art ! », dit Pascal Picq.

Comment ne pas voir dans cette manière de reconstruire l’histoire de sapiens — notre propre histoire, en somme — les éléments-clés de la mythologie judéo-chrétienne ? […]

« Bien souvent, il y a référence à nos mythes, parfois de manière inconsciente, dit Pascal Picq. Avec le schéma « Out of Africa », on est en quelque sorte passé de l’idée de Peuple élu à celle d’espèce élue. Quant au rapport entre sapiens et Neandertal, on est en plein dans le rapport que les Occidentaux ont pu avoir avec les Indiens d’Amérique… » Sortie d’Egypte, sortie d’Afrique… L’idée de cette « sortie » est d’ailleurs si prégnante, ajoute le préhistorien Eric Boëda (université Paris-X), « qu’on ne parle généralement que de sorties d’Afrique et jamais ou rarement de déplacements ou de retours vers l’Afrique, qui n’ont aucune raison d’être écartés ! ». Entre le peuple hébreu qui passe la mer Rouge pour supplanter les Cananéens, et Homo sapiens qui franchit le même gué pour s’affronter aux autres hommes — Neandertal en tête –, le parallélisme est saisissant. « J’ai beau être laïque, plaisante Pascal Depaepe, je ne suis pas complètement certain que mon cerveau puisse se débarrasser de deux mille ans d’histoire judéo-chrétienne lorsqu’il réfléchit à ces questions. » […]

Quelque chose me dit qu’il y a là matière à discussions…