"Aux explorateurs de l’inconnu qui aiment apprendre en faisant un pas en arrière sur le chemin des ancêtres." Pascale Arguedas

Archives de mars 4, 2008

Fugit irreparabile tempus

attendant l’heure
Je suis moi par habitude, comme une salle d’auberge vide qui se souvient de ses hôtes absents, comme un carrefour abandonné. La pluie va venir.

Le vent traîne sur le perron de ciment, avec le bruit de journaux qu’on froisse, de grosses feuilles d’aristoloche desséchées. Puis  il se jette dans les rideaux bombés comme des voiles et tire de leurs plis  la triste odeur des cigares éteints. Le  lait fume sur la grosse nappe grise, près du pain gris et du beurre couleur d’orange.

Une cuiller de plomb est fichée de biais dans un verre à côtes plein d’une gelée de fruits trouble comme un vin mort. La femme est retournée dans sa cuisine.  Je reste seul dans cette salle avec le matin de novembre qui commence, comme lui sans force, inexplicablement heureux.

Gustave Roud

Air de la solitude

Éditions l’âge d’homme


Un mot d’Artaud

A l’initiative d’Isidore, cet extrait du Théâtre et son double d’Antonin Artaud qui ouvre de nouvelles pistes de réflexions au P.P. :

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« On peut commencer à tirer une idée de la culture, une idée qui est d’abord une protestation. Protestation contre le rétrécissement insensé que l’on impose à l’idée de la culture en la réduisant à une sorte d’inconcevable Panthéon ; ce qui donne une idolâtrie de la culture, comme les religions idolâtres mettent des dieux dans leur Panthéon. Protestation contre l’idée séparée que l’on se fait de la culture, comme s’il y avait la culture d’un côté et la vie de l’autre ; et comme si la vraie culture n’était pas un moyen raffiné de comprendre et d’exercer la vie.

(suite de l’extrait en cliquant ci-dessous)

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