"Aux explorateurs de l’inconnu qui aiment apprendre en faisant un pas en arrière sur le chemin des ancêtres." Pascale Arguedas

la lune

Quel attracteur étrange que cette Lune qui fait lever les océans, hurler les loups, soupirer d’extase l’enfant sauvage (voir commentaire 32) et chanter tous les poètes !

Et vous — préhistos, modernes (plus ou moins « post ») –, que vous inspire-t-elle ?

76 Réponses

  1. Avant de laisser libre court au cerveau droit, une première réflexion (très « cerveau gauche ») quand je pense à cet astre :

    Qu’il nous apparaisse exactement de la même taille que le soleil (au point de pouvoir créer les éclipses que l’on sait) est à mon sens un des hasards les plus hallucinant de cette planète.

    Vu la différence de taille et de distance, quelle était le pourcentage de chance qu’il en soit ainsi ?
    Si ça se trouve plus faible que celui de l’apparition de la vie.

    octobre 30, 2009 à 13 h 40 min

  2. Amélie, tu nous as déjà révéléé ta tendance — toute « Victor-de-l’Aveyronesque » — à ressentir une joie convuslive sous l’orage (voir lien ci-dessus).
    Eprouves-tu la même avidité que lui également pour la neige et surtout, puisque c’est le sujet, la même extase contemplative devant le clair de lune ?

    octobre 30, 2009 à 14 h 01 min

  3. non

    octobre 30, 2009 à 14 h 18 min

  4. Amélie

    La neige te la lune auraient plutôt tendance à me calmer… absolument rien à voir avec les effets de l’orage.
    Bien sûr j’adore courir toute nue dans la neige, et je peux le prouver, mais serait-ce bien raisonnable ?
    Comme je pourrais raconter une extase sous l’orage mais Vincent ne serait-il pas gêné ?
    Non, décidément, mieux vaut que je m’abstienne !
    :-))

    octobre 30, 2009 à 14 h 30 min

  5. 120

    Ecrit par Eugène Guillevic :

    La lune
    Sort timidement
    De son bain diurne,

    S’extasie de son accord
    Avec le cantique
    Interstellaire.

    *

    La lenteur de la lune
    Equilibre le monde.

    *

    Ce soir
    La lune est fière

    Comme un tournesol
    Qui vient de s’ouvrir

    Et s’étonne.

    (Maintenant, Gallimard, 1993)

    octobre 30, 2009 à 14 h 44 min

  6. 120

    Ecrit par Jacques Prévert :

    LA LUNE ET LA NUIT

    Cette nuit-là je regardais la lune
    Oui j’étais à ma fenêtre
    et je la regardais
    et puis j’ai quitté ma fenêtre
    je me suis déshabillée
    je me suis couchée
    et puis alors la chambre est devenue très claire
    la lune est entrée
    Oui j’avais laissé la fenêtre ouverte
    et la lune était entrée
    Elle était là cette nuit-là dans ma chambre
    et elle brillait
    J’aurais pu lui parler
    J’aurais pu la toucher
    Mais je n’ai rien fait
    je l’ai seulement regardée
    elle paraissait calme et heureuse
    j’avais envie de la caresser
    mais je ne savais pas comment m’y prendre
    Et je restais là… sans bouger
    Elle me regardait
    elle brillait
    elle souriait…
    ALors je me suis endormie
    et quand je me suis réveillée
    c’était déjà le lendemain matin
    et… il y avait seulement le soleil
    au-dessus des maisons.

    (Soleil de nuit, Gallimard, 1980)

    octobre 30, 2009 à 15 h 59 min

  7. Amélie

    Tout porte à croire que je ne sois pas la seule que la lune calme et apaise… (contre tout idée reçue !)

    octobre 30, 2009 à 16 h 01 min

  8. Amélie

    Pourquoi toutes ces manifestations physiologiques et pathologiques en fonction de la lune :
    – crises de schizophrénie
    – accouchements
    – suicides
    – cheveux qui poussent plus vite si on les coupe à la lune montante
    … (vous en connaissez d’autres ? vous avez des réponses ?)

    octobre 30, 2009 à 16 h 07 min

  9. Oui, oui.
    Même Victor, que la neige et l’orage excitent, semble bien apaisé au clair de lune.

    Je recopie le passage cité au commentaire 32 de l’article précédent :
    « Mais ce n’était pas toujours d’une manière aussi vive et aussi bruyante que se manifestaient ses sensations, à la vue de ces grands effets de la nature. […] Lorsque, pendant la nuit et par un beau clair de lune, les rayons de cet astre venaient à pénétrer dans sa chambre, il manquait rarement de s’éveiller et de se placer devant la fenêtre. Il restait là, selon le rapport de sa gouvernante, pendant une partie de la nuit, debout, immobile, le col tendu, les yeux fixés vers les campagnes éclairées par la lune, et livré à une sorte d’extase contemplative, dont le silence et l’immobilité n’étaient interrompus que par une inspiration très élevée, qui revenait à de longs intervalles et qu’accompagnaient presque toujours un petit son plaintif.”

    En revanche les loups…

    octobre 30, 2009 à 16 h 08 min

  10. Amélie

    Peut-être que la clarté à un moment qui devrait être sombre, les inquiète, tout simplement ?

    octobre 30, 2009 à 16 h 12 min

  11. Amélie

    IL est arrivé, lors de nuits de pleine lune dans la forêt, qu’on voie comme en plein jour…

    octobre 30, 2009 à 16 h 13 min

  12. Pour les accouchements, je ne crois pas que ce soit vrai.
    J’ai le souvenir qu’à la naissance de mon fiston, comme j’évoquais le fait à la Mairie (au bureau de l’Etat Civil), on m’a simplement rétorqué en montrant le double graphique collé au mur : les phases de Lune et le nombre de naissance. Il n’y avait vraiment aucune corélation entre les deux courbes.

    On peut donc ajouter la question suivante à celles que tu poses : pourquoi tant de fantasmes et de mythes autour de cet astre ?

    Je répondrais pour ma part volontiers par le terme d’attracteur étrange déjà choisi dans l’article. La Lune est en effet vraiment beaucoup plus intrigante que le soleil : elle change tout le temps, éclaire sans éclairer, est éloignée mais paraît en même temps toute proche, etc… Bref, un vrai piège à intellect humain !

    octobre 30, 2009 à 16 h 15 min

  13. 120

    Ecrit par Charles Baudelaire :

    TRISTESSES DE LA LUNE

    Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
    Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins,
    Qui d’une main distraite et légère caresse
    Avant de s’endormir le contour de ses seins,

    Sur le dos satiné des molles avalanches,
    Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
    Et promène ses yeux sur les visions blanches
    Qui montent dans l’azur comme des floraisons.

    Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
    Elle laisse filer une larme furtive,
    Un poëte pieux, ennemi du sommeil,

    Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
    Aux reflets irisés comme un fragment d’opale,
    Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

    (Les fleurs du mal, 1861)

    octobre 30, 2009 à 16 h 23 min

  14. 120

    Ecrit par Michel Tournier :

    LE SOLEIL ET LA LUNE

    […] Bien que la lune bouge à sa manière autant que le soleil, on ignore volontiers sa trajectoire. On la veut immobile. Il est vrai que le sommeil qui occupe la plus clair de nos nuits ne nous laisse guère le loisir d’observer le mouvement de la lune.

    Il y a des nuits sans lune, celles qu’on appelle paradoxalement « de nouvelle lune ». Il n’y a pas de jour sans soleil. Même quand les nuages le cachent, on sait bien qu’il est là, puisqu’il fait jour.

    La lune manifeste son pouvoir mystérieux par les marées. Elle tire à elle l’immense couverture liquide — et c’est la marée basse –, puis elle la laisse retomber — et c’est la marée haute. Les explications que les scientifiques donnent de ce phénomène sont si embrouillées qu’on comprend bien qu’ils n’y comprennent rien. D’ailleurs toutes les fois qu’on fait intervenir l’influence de la lune, c’est qu’on n’y comprend rien. Ainsi l’humeur changeante des personnes dites « lunatiques ». De même certaines taches pâlichonnes sur les tapis et les moquettes qu’on appelle des « frappures de lune ».

    Au contraire le soleil symbolise la raison, l’équilibre, l’architecture. Louis XIV se voulut pour cela Roi-Soleil. Le sexe du soleil est évidemment masculin, comme celui de la lune, féminin, et c’est une grande aberration de la langue allemande d’en disposer autrement. Appolon, dieu solaire, et Diane, déesse lunaire, n’en sont pas pour autant mari et femme, mais frère et soeur. Ils répugnent l’un et l’autre à tout accouplement, chacun en un sens différent, la lune par sa froideur virginale, le soleil par sa plénitude autosuffisante.

    « La lune est le soleil des statues », a écrit Jean Cocteau. Il aurait pu écrire plus simplement que la lune était la statue du soleil. Mais le « bain de soleil », dont la mode résiste à toutes les condamnations par les médecins, a pour but de transformer le corps en sa propre statue de bronze doré, une statue solaire.

    (Le miroir des idées, Traité, Mercure de France, 1994)

    octobre 30, 2009 à 16 h 36 min

  15. 120

    Ecrit par Malcolm de Chazal :

    L’éclat du soleil sur l’eau descend dans le sens du courant. Les reflets de la lune sur le ruisseau remontent le fil de l’eau. La cause de ces mouvements inverses est que le soleil, pour qui le fixe, semble vouloir venir vers nous, comme le regard de l’hypnotiseur quand son oeil nous fixe ; tandis que la lune qu’on fixe longuement semble vouloir s’éloigner et plonger plus profondément que jamais dans l’océan imborné de l’espace.

    *

    La lune, au matin, dans le bleu naissant, met au ciel des reflets d’opale. Lune qui agonise épand dans le ciel des saignements roses.

    *

    La lune affecte surtout les femmes et les fous, ces êtres qui se comprennent le mieux sur terre. Adam était un être lunaire. Sans cette particularité, le Serpent n’aurait eu aucune prise sur Eve.

    *

    La lune est la lampe-arrière du chariot-soleil.

    *

    La lune est l’absolu du contre-jour. Qui trop fixe le soleil finit par « voir » une nuit blanche.

    *

    La lune a des mains d’ivoire et des bras d’argent, dont les bouts de doigts égouttent de la nacre. La coulée lunaire est un flot qui s’épaissit et rutile à mesure qu’il s’approche du sol. Vue de la stratosphère, au milieu des flots de lune, la Terre paraîtrait telle une conque de lait nacrée aux reluis d’argent.

    *

    Les couleurs, dans la nature, sont, à différents degrés, des miroirs dépolis du soleil, dont se servent les tréfonds de la matière en périscope pour voir l’Astre solaire […] La lune est, du soleil, un miroir lisse.

    *

    etc.

    (Sens plastique, Gallimard, 1948)

    novembre 2, 2009 à 9 h 59 min

  16. Pour Aristote (et j’imagine une bonne partie des Grecs avec lui), la lune était la point-limite entre les deux mondes : le monde sub-lunaire (imparfait, changeant, dominé par les 4 éléments) et le supralunaire (parfait, fixe, etc.).
    http://www.educreuse23.ac-limoges.fr/loewy/realisations/TPE/epicyles/WEB%20PAGE/historique.html

    A-t-il inventé cette vision (binaire) du monde ou l’a-t-il hérité d’une tradition plus ancienne ?

    novembre 2, 2009 à 10 h 07 min

  17. 120

    Ecrit par Charles-René-Marie Leconte de Lisle ;

    LES CLAIRS DE LUNE

    I

    C’est un monde difforme, abrupt, lourd et livide,
    Le spectre monstrueux d’un univers détruit
    Jeté comme une épave à l’Océan du vide,
    Enfer pétrifié, sans flammes et sans bruit,
    Flottant et tournoyant dans l’impassible nuit.
    Autrefois, revêtu de sa grâce première,
    Globe heureux d’où montait la rumeur des vivants,
    Jeune, il a fait ailleurs sa route de lumière,
    Avec ses eaux, ses bleux sommets, ses bois mouvants,
    Sa robe de vapeurs mollement dénouées,
    Ses millions d’oiseaux chantant par les nuées,
    Dans la pourpre du ciel et sur l’aile des vents.
    Loin des tièdes soleils, loin des nocturnes gloires,
    A travers l’étendue il roule maintenant ;
    Et voici qu’une mer d’ombre, par gerbes noires,
    Contre les bords rongés du hideux continent
    S’écrase, furieuse, et troue en bouillonnant
    Le blême escarpement des rugueux promontoires.
    Jusqu’au faîte des pics elle jaillit d’un bond
    Et, sur leurs escaliers versant ses cataractes,
    Ecume et rejaillit, hors des gouffres sans fond,
    Dans l’espace aspergé de ténèbres compactes.
    Et de ces blocs disjoints, de ces lugubres flots,
    De cet écroulement horrible, morne, immense,
    On n’entend rien sortir, ni clameurs ni sanglots :
    Le sinistre univers se dissout en silence.
    Mais la Terre, plus bas, qui rêve et veille encor
    Sous le pétillement des solitudes bleues,
    Regarde en souriant, à des milliers de lieues,
    La lune, dans l’air pur, tendre son grand arc d’or.

    (Poèmes barbares, 1862)

    novembre 2, 2009 à 12 h 22 min

  18. 120

    Ecrit par Sylvain Tesson :

    La lune sur la pointe d’une aiguille de granit : bilboquet cosmique.

    *

    La lune blesse la mer d’une plaie vif-argent.

    *

    La lune, enceinte de lumière, allaite la nuit.

    *

    Le vaisseau fantôme de la lune s’avance dans un ciel en haillons. La pâleur des morts accoudés au bastingage du vaisseau donne au satellite sa clarté huileuse.

    (Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages, Equateurs parallèles, 2008)

    novembre 2, 2009 à 12 h 30 min

  19. 120

    Ecrit par Raymond Queneau :

    LA LUNE

    Sur la lune de lait caillé
    on voit un bonhomme
    il porte sur son dos
    un fagot de gros bois

    ça doit être bien lourd
    car il n’avance pas
    il est là chaque mois
    bûcheron d’autrefois

    sur la lune de néon
    on voit un astronaute
    il porte sur son dos
    la fusée de retour

    il est déjà parti
    il n’y a plus perssonne
    entre la mer des Crises
    et la Sérénité

    sur la lune de coton
    on a peint les yeux la bouche
    le nez et un gros bouton
    sur lequel dort une mouche

    toujours on a eu l’impression
    que cet objet astronomique
    était à portée de la main
    familier, mélancolique.

    (Battre la campagne, Gallimard, 1968)

    novembre 2, 2009 à 19 h 48 min

  20. 120

    Ecrit par Malcolm de Chazal :

    Pour
    La
    Pleine
    Lune
    Il
    Est
    Toujours
    Minuit.

    *

    La lune
    Blême
    Ce soir
    Avait
    Ses règles.

    *

    La
    Lune
    Ne
    Voit
    Des
    Deux
    Yeux
    Que
    Dans
    L’oeil
    Du diamant.

    (Poèmes, Apparadoxes, 1958)

    novembre 3, 2009 à 11 h 16 min

  21. 120

    Ecrit par Alain Bosquet :

    La lune me développe. Le soleil m’atrophie.

    *

    La lune est une pute, le soleil un aristo et l’azur un chômeur : qui nous a fichu ce cosmos-là ?

    *

    La lune m’a dit :
    — J’étais heureuse, là-haut. On a cru bon de me détacher. Tu n’aurais pas un bout de ficelle, pour me rependre ?

    *

    Le soleil ordonne. La lune rigole.

    *

    La lune est prolétaire, et l’azur se commet avec n’impore qui.

    (La fable et le fouet, Aphorismes, Gallimard, 1995)

    novembre 3, 2009 à 11 h 49 min

  22. Vous rappelez-vous l’effet hypnotique de la lune lorsque nous étions enfants ? Les profondes méditations dans lesquelles elle nous plongeait ? Vous souvenez-vous des heures passées, coupés du temps, à la contempler ?
    Moi oui.

    novembre 3, 2009 à 12 h 01 min

  23. Vaguement.
    Cette clarté froide, qui éclaire sans éclairer, est en tout cas (et en effet) fascinante. Tout comme la nuit qui la protège… et fait que c’est tout de même rare, pour un enfant, de prendre le temps de la contempler, non ?

    Sinon, quand je pense à la lune, la première chose qui me vient est son imprévisibilité : je ne sais jamais où et quand elle va apparaître, ni quelle forme elle aura. J’ai beau savoir qu’elle a un cycle de 27 jours, un autre de 29 jours, qu’une pleine lune apparaîtra toujours (forcément) à l’opposé du soleil, etc… etc… elle me surprend toujours car je ne la « pratique » pas assez pour l’anticiper.

    Une bonne partie du mystère qui lui est attaché doit provenir de cette imprévisibilité (son « lunatisme »), vous ne croyez pas ?

    novembre 3, 2009 à 12 h 24 min

  24. Ah non pas si rare… j’ai énormément de souvenirs de contemplation de la lune étant petite.A la fenêtre de ma chambre, par la fenêtre de le voiture, etc.
    Son attraction m’intrigue. Elle influe sur les cycles menstruels, sur les marées, et on sent, quand on la regarde, qu’elle nous tire vers elle…
    J’ai l’impression qu’elle parle plus aux femmes. je ne saurais vraiment expliquer pourquoi. J’ai l’impression que c’est un astre féminin.

    novembre 3, 2009 à 12 h 33 min

  25. Et le fameux « coup de lune »… vous connaissez ???

    novembre 3, 2009 à 12 h 34 min

  26. Le passage du fin croissant à la pleine lune : on dirait effectivement un ventre qui gonfle. Mais pour accoucher de quoi… ?

    novembre 3, 2009 à 12 h 39 min

  27. Extrait de Wikipédia :
    La lumière de la Lune serait à l’origine du blanchissement du linge. Or, les pigments sont principalement altérés par les rayons ultraviolets. La lumière de la Lune n’étant qu’une réflexion partielle de la lumière du Soleil, la quantité d’ultraviolet est très faible : environ 500 000 fois plus faible que la lumière directe du Soleil. La lumière directe du Soleil est donc 500 000 fois plus responsable du blanchissement du linge que la lumière de la pleine Lune.
    Cependant quand la Lune est bien visible la nuit, il y a moins de nuages pour réfléchir l’infrarouge émis par le sol terrestre. Donc le linge exposé se refroidit plus vite et condense plus de rosée. Or la rosée contient du peroxyde d’hydrogène qui peut oxyder les colorants organiques du linge. Ce peroxyde d’hydrogène est produit le jour par les rayons ultraviolets solaires en brisant des molécules d’eau.

    novembre 3, 2009 à 12 h 42 min

  28. Ecore extrait de Wikipédia (article « cycle menstruel ») :
    « Ce cycle est contrôlé par des hormones. Sa durée est souvent de 28 jours pour les femmes des pays occidentaux, mais ce chiffre ne constitue qu’une moyenne commode (28 jours = 4 semaines) et ne représente ni la moyenne, ni le mode de sa distribution dans le monde. En Inde, sa moyenne (avec écart-type) a été mesurée à 31,2 ± 3,2 jours en 1974 et à 31,8 ± 6,7 jours dans une étude de 1992.

    Pourtant, en Inde, les cycles lunaires retent de 27 et 29 jours, si je ne m’abuse. Strange !

    novembre 3, 2009 à 12 h 46 min

  29. Ce n’est pas scientifique, mais c’est prouvé :
    Si on met plusieurs femmes dans le même bus pour une durée de plusieurs mois, elle se règlent progressivement les unes sur les autres, et très souvent en fonction de la pleine lune…

    novembre 3, 2009 à 12 h 51 min

  30. Toutes les troupes et compagnies de spectacles avec de longues périodes de tournées le confirmeront ! 🙂

    novembre 3, 2009 à 12 h 51 min

  31. Sur le « coup de lune », cette réponse extraite d’un forum où se posait la question :

    Faisons un petit calcul rapide. La Lune a un diamètre apparent de 50′ d’arc. On peut majorer sa « surface », sur sa spère céleste, par un « carré » de 50′ d’arc de côté. Cela représente, par rapport à l’ensemble de la sphère terrestre, une part de :
    (50/60*1/360)^2=5,144.10^-6
    En supposant que la lune soit pleine, et que toute la lumière du Soleil parvenant à la Lune se réfléchisse on reçoit donc de l’ordre de 0,000 5 % du rayonnement du Soleil après réflexion sur la surface lunaire.
    En restant 10 heures sous la lumière de la Lune, on a une exposition équivalente à celle de 18 centièmes de seconde sous la lumière directe du Soleil. Je ne pense pas honnêtement que cela suffise…

    Voyons maintenant s’il y a des calculs scientifiques sur les tournées en bus. 😉

    novembre 3, 2009 à 13 h 02 min

  32. Aïe !
    Apparemment, on y croit pas plus en France :
    http://tatoufaux.com/?La-lunaison-correspond-au-cycle
    …qu’au Québec :
    http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire/fullmoon.html

    novembre 3, 2009 à 13 h 14 min

  33. le dictionnaire sceptique est intéressant (mais je n’ai pas le temps de tout lire maintenant); je ne peux m’empêcher de souligner le fait que, bien que l’essentiel de la démonstration tende à conclure à une absence totale de corrélation entre les cycles lunaires et certains comportements humains qui y sont généralement associés, l’auteur croit pourtant utile de préciser qu’un de ces comportements est noté comme étant « à son plus bas » en période de pleine lune… 🙂

    novembre 3, 2009 à 13 h 24 min

  34. La Lune est effectivement un astre féminin : il fait dire aux hommes (qui lui soupçonnent plus de pouvoirs qu’elle n’en a en réalité) de belles conneries !
    😉 🙂

    novembre 3, 2009 à 13 h 33 min

  35. Je me demande si je ne préfère pas des croyances, même infondées, qui laissent entrevoir un lien intime avec le cosmos, qu’une vérité scientifique qui laisse un peu l’Humain seul au monde.

    novembre 3, 2009 à 13 h 35 min

  36. Moi je n’ai qu’une foi très relative en la science… d’ailleurs, « foi » et « science », c’est incompatible…

    novembre 3, 2009 à 13 h 39 min

  37. Si je peux me permettre, Amélie, c’est à quoi, précisément, que tu ne crois « relativement » pas : aux méthodes (dite expérimentales) de la science ? aux « vérités » qu’elle formule ? à l’usage qu’on peut en faire ?…

    novembre 3, 2009 à 14 h 37 min

  38. 120

    Ecrit par Malcolm de Chazal :

    La lune
    Pleure
    Dans la rosée
    Et le soleil
    Y rit.

    *

    La lune
    Bave
    Sa bouche
    Dans l’eau.

    *

    La lune
    Grelottait.
    Le soleil
    La passait
    Au fer
    A repasser.

    *

    La lune
    Ce soir
    Dormait
    Mal.
    Les nuages
    Lui donnaient
    Des cauchemars.

    *

    La lune
    Pleine
    Fit
    Un enfant
    A l’eau.

    *

    Les perles
    S’endiamantaient
    Sous la lune.

    *

    La lune
    Ce soir
    Faisait
    Ogino.

    *

    La lune
    Se purgeait
    Dans les trous
    D’ombre.

    *

    La lune
    Dormait
    Ce soir
    Se servant
    Du nuage
    Comme
    Drap de lit.

    *

    La nuit
    Prit
    La lune
    Comme
    Somnifère.

    (Sens magique, 1957)

    novembre 3, 2009 à 14 h 51 min

  39. A la vérité de la science.
    La vérité est ailleurs.

    novembre 3, 2009 à 15 h 29 min

  40. J’aurais, pour ma part, plutôt tendance à croire qu’elle atteint bien la vérité (ou s’en approche plus que toute autre méthode) mais que celle-ci ne nous est pas adaptée.
    Mais peut-être n’est-ce pas si différent de ton oint de vue.

    novembre 3, 2009 à 16 h 45 min

  41. 120

    Ecrit par Alfred de Musset :

    Ballade à la lune

    C’était, dans la nuit brune,
    Sur le clocher jauni,
    La lune
    Comme un point sur un i.

    Lune, quel esprit sombre
    Promène au bout d’un fil,
    Dans l’ombre,
    Ta face et ton profil ?

    Es-tu l’oeil du ciel borgne ?
    Quel chérubin cafard
    Nous lorgne
    Sous ton masque blafard ?

    N’es-tu rien qu’une boule,
    Qu’un grand faucheux bien gras
    Qui roule
    Sans pattes et sans bras ?

    Es-tu, je t’en soupçonne,
    Le vieux cadran de fer
    Qui sonne
    L’heure aux damnés d’enfer ?

    Sur ton front qui voyage.
    Ce soir ont-ils compté
    Quel âge
    A leur éternité ?

    Est-ce un ver qui te ronge
    Quand ton disque noirci
    S’allonge
    En croissant rétréci ?

    Qui t’avait éborgnée,
    L’autre nuit ? T’étais-tu
    Cognée
    A quelque arbre pointu ?

    Car tu vins, pâle et morne
    Coller sur mes carreaux
    Ta corne
    À travers les barreaux.

    Va, lune moribonde,
    Le beau corps de Phébé
    La blonde
    Dans la mer est tombé.

    Tu n’en es que la face
    Et déjà, tout ridé,
    S’efface
    Ton front dépossédé.

    Rends-nous la chasseresse,
    Blanche, au sein virginal,
    Qui presse
    Quelque cerf matinal !

    Oh ! sous le vert platane
    Sous les frais coudriers,
    Diane,
    Et ses grands lévriers !

    Le chevreau noir qui doute,
    Pendu sur un rocher,
    L’écoute,
    L’écoute s’approcher.

    Et, suivant leurs curées,
    Par les vaux, par les blés,
    Les prées,
    Ses chiens s’en sont allés.

    Oh ! le soir, dans la brise,
    Phoebé, soeur d’Apollo,
    Surprise
    A l’ombre, un pied dans l’eau !

    Phoebé qui, la nuit close,
    Aux lèvres d’un berger
    Se pose,
    Comme un oiseau léger.

    Lune, en notre mémoire,
    De tes belles amours
    L’histoire
    T’embellira toujours.

    Et toujours rajeunie,
    Tu seras du passant
    Bénie,
    Pleine lune ou croissant.

    T’aimera le vieux pâtre,
    Seul, tandis qu’à ton front
    D’albâtre
    Ses dogues aboieront.

    T’aimera le pilote
    Dans son grand bâtiment,
    Qui flotte,
    Sous le clair firmament !

    Et la fillette preste
    Qui passe le buisson,
    Pied leste,
    En chantant sa chanson.

    Comme un ours à la chaîne,
    Toujours sous tes yeux bleus
    Se traîne
    L’océan montueux.

    Et qu’il vente ou qu’il neige
    Moi-même, chaque soir,
    Que fais-je,
    Venant ici m’asseoir ?

    Je viens voir à la brune,
    Sur le clocher jauni,
    La lune
    Comme un point sur un i.

    Peut-être quand déchante
    Quelque pauvre mari,
    Méchante,
    De loin tu lui souris.

    Dans sa douleur amère,
    Quand au gendre béni
    La mère
    Livre la clef du nid,

    Le pied dans sa pantoufle,
    Voilà l’époux tout prêt
    Qui souffle
    Le bougeoir indiscret.

    Au pudique hyménée
    La vierge qui se croit
    Menée,
    Grelotte en son lit froid,

    Mais monsieur tout en flamme
    Commence à rudoyer
    Madame,
    Qui commence à crier.

     » Ouf ! dit-il, je travaille,
    Ma bonne, et ne fais rien
    Qui vaille;
    Tu ne te tiens pas bien.  »

    Et vite il se dépêche.
    Mais quel démon caché
    L’empêche
    De commettre un péché ?

     » Ah ! dit-il, prenons garde.
    Quel témoin curieux
    Regarde
    Avec ces deux grands yeux ?  »

    Et c’est, dans la nuit brune,
    Sur son clocher jauni,
    La lune
    Comme un point sur un i.

    novembre 4, 2009 à 13 h 43 min

  42. Version raccourcie et chantée (façon Brassens) du poème de Musset :
    http://www.dailymotion.com/video/x8gvnc_ballade-a-la-lune-georges-brassens_music

    novembre 4, 2009 à 13 h 50 min

  43. 120

    Ecrit par Louis-Pierre-Marie-François Baour-Lormian :

    INVOCATION A LA LUNE

    Ainsi qu’une jeune beauté
    Silencieuse et solitaire,
    Des flancs du nuage argenté
    La lune sort avec mystère.
    Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit,
    Tu glisses dans les airs où brille ta couronne,
    Et ton passage s’environne
    Du cortège pompeux des soleils de la nuit.
    Que fais-tu loin de nous, quand l’aube blanchissante
    Efface à nos yeux attristés
    Ton sourire charmant et tes molles clartés ?
    Vas-tu, comme Ossian, plaintive, géissante,
    Dans l’asile de la douleur
    Ensevelir ta beauté languissante ?
    Fille aimable du ciel, connais-tu le malheur ?
    Ton char voluptueux roule au-dessus des monts :
    Prolonge, s’il se peut, le cours de ta carrière,
    Et verse sur les mers tes paisibles rayons.

    (cité dans l’Anthologie de la poésie française du XIXe siècle, Gallimard, 1984)

    novembre 5, 2009 à 0 h 23 min

  44. 120

    Ecrit par Joseph Ki-Zerbo :

    Sin est le dieu-lune des Sémites de Mésopotamie.
    Le centre le plus important du culte lunaire en Mésopotamie était la ville d’Our. Dès l’époque sumérienne, les textes et les monuments témoignent de la place privilégiée qu’occupe le dieu-lune dans le panthéon local. La déesse Nin-gal, l’épouse du dieu-lune est appelée la « mère d’Our ». Le temple de Nannar à Our, dégagé par les fouilles anglaises, montre la grandeur de l’édifice religieux construit à l’intention du dieu-lune. Le culte lunaire continuera à jouir de la faveur de la monarchie babylonienne. Hammourapi n’hésitera pas à considérer « la semence de royauté » comme une création du dieu Sin.

    Le culte lunaire atteint son apogée sous le règne de Nabonide (de – 556 à – 539). Ce roi essaya d’instaurer en Babylonie la suprématie de Sin, sans supprimer, pour autant, la figure nationale du dieu Maruk. […]

    Prière adressée au dieu-lune Sin

    Sin, lumière éclatante des cieu purs !
    Sin, toujours nouveau, qui brille dans le ciel et sur la terre,
    Tu portes la clarté parmi les gens de la vaste terre.
    Aux hommes, les têtes noires, tu envoies ton éclat.
    Ta lumière est brillante dans les cieux purs.
    Ta torche est éclatante comme celle du dieu du feu.
    Ta clarté remplit la vaste terre.
    Fiers sont les hommes qui s’efforcent de te voir.
    O dieu Anou des cieux, dont personne ne connaît les décisions,
    Ta lumière est forte comme celle du dieu-soleil, ton premier-né.
    Les dieux suprêmes se prosternent devant toi, le destin des pays est placé devant toi.
    […]

    (Compagnons du soleil, Anthologie de grands textes de l’humanité sur les rapports entre l’homme et la nature, La découverte/UNESCO, 1992)

    novembre 11, 2009 à 16 h 16 min

  45. 120

    Ecrit par Christian Laborde :

    LA LUNE

    […] Les astres, aujourd’hui, on les ignore, on leur tourne le dos, on les snobe. Parfois même on les arrête, on les traîne en justice, ils comparaissent en urgence absolue. C’est arrivé au soleil. Si les vieux respirent mal, si les mômes toussent, s’il faut les priver de tricycle dans le jardin public, ce n’est pas à cause d’AZF, de Pechiney Ugine Kuhlmann ou de Rudolf Diesel, mais bel et bien de cet ignoble soleil qui, dans nos villes surpeuplées, continue de se lever, de briller, de cogner, alors que le vent s’est tiré à l’autre out du monde. Procureurs, experts, avocats, magistrats sont unanimes : il faut mettre le soleil à l’ombre.

    La lune, ce matin, est blonde et ronde, place d’Espagne et rue Despourrins. On dirait une pièce jaune, la galette des rois. Mieux vaut baisser la tête, ne pas la regarder. Qui lève les yeux vers elle pour la saluer, l’admirer, savourer sa rondeur céleste, sa beauté prochaine, les chiens étant déjà passés, risque de souiller ses Puma. Nous sommes partout condamnés à marcher les yeux rivés au trottoir si nous voulons éviter les catastrophes et, du coup, c’est d’autres rondeurs tout aussi lunaires, également prochaines qui, dans la rue menant au lycée, échappent à notre regard. La vie est cruelle, et l’on passe pour des goujats. […]

    (Percolateur, Panama, 2005)

    novembre 11, 2009 à 23 h 03 min

  46. 120

    Ecrit par Anna de Noailles :

    L’HEURE NOCTURNE

    Temps de stupeur et de silence,
    Ô nuit lunaire de l’été,
    Comme l’âme monte et s’élance
    Et sent pleurer la volupté,
    Et comme de vos blanches lances
    Vous percez le coeur emporté,
    Tombé, Lune, en votre balance.

    Sur les corps las et rapprochés,
    Sur la route, l’arbre et la mousse
    Vos flots laiteux sont épanchés
    Comme une eau d’argent sèche et douce
    Qui baigne les coeurs écorchés,
    Ô Lune jaune, grise et rousse
    Tourment d’or des soleils couchés.

    Fruit large et clair des vergers pâles,
    Fruit empli d’air, de sucre et d’eau,
    Lune d’étain, d’ambre et d’opale,
    Que fais-tu du rêve si beau
    Que te donnent dans la rafale
    Les pauvres âmes, blanc troupeau
    De désirs, d’amour et de râle.

    Comme il fait sombre dans le bois,
    On ne voit plus la terre brune,
    On entend le gazon qui boit
    Les sources qui pleurent chacune…
    Il semble qu’on soit mort en soi
    Et que l’on marche vers la lune
    Bonne et prudente comme un toit.

    — Et vous, Lune toujours mourante,
    Quelle flamme font à vos yeux
    Les feux des âmes fulgurantes,
    Et nos cris vont-ils jusqu’aux cieux
    Sanglots des voluptés errantes
    Qui montent du coeur soucieux
    Au sein des nuits désespérantes…

    (L’heure nocturne))

    novembre 17, 2009 à 21 h 00 min

  47. Il n’y a, apparemment, pas que les loups qui chantent sous la Lune :

    novembre 24, 2009 à 13 h 43 min

  48. 120

    Ecrit par Alberto Caeiro (alias Fernando Pessoa) :

    Le clair de lune à travers les branches hautes,
    Ils disent, les poètes, tous les poètes, qu’il est davantage
    Que le clair de lune à travers les branches hautes.

    Mais pour moi, qui ne sais pas ce que je pense,
    Ce que le clair de lune à travers les branches hautes
    Est, en plus d’être
    Le clair de lune à travers les branches hautes
    (Ainsi que je le dis, puissé-je aussi l’entendre)
    C’est qu’il n’est rien de plus
    Que le clair de lune à travers les branches hautes.

    (Le gardeur de troupeaux, 1914)

    décembre 2, 2009 à 10 h 44 min

  49. Aaaaaaaaaah les poèmes païens de Fernando Pessoa : je ne sais pas si on peut objectivement qualifier de « préhisto » ce prosaïsme anti-lyrique — pseudo-naïf — mais… j’adore !

    décembre 2, 2009 à 10 h 50 min

  50. 120

    Ecrit par Philippe Jaccottet :

    LUNE D’HIVER

    Pour entrer dans l’obscurité
    prends ce miroir où s’éteint
    un glacial incendie :

    atteint le centre de la nuit,
    tu n’y verras plus reflété
    qu’un baptême de brebis

    ***

    LUNE A L’AUBE D’ETE

    Dans l’air de plus en plus clair
    scintille encore cette larme
    ou faible flamme dans du verre
    quand du sommeil des montagnes
    monte une vapeur dorée

    Demeure ainsi suspendue
    sur la balance de l’aube
    entre la braise promise
    et cette perle perdue

    (Airs, Gallimard, 1967)

    janvier 13, 2010 à 17 h 47 min

  51. 120

    Ecrit par Paul Claudel :

    […] La lune sur son cheval jaune galope dans le ciel déchiré […]
    (Le Christ Roi)

    ***

    […] Les prés saupoudrés de gelée blanche sous l’orteil froid de la lune […]
    (Solvitur acris hiems)

    janvier 14, 2010 à 11 h 12 min

  52. 120

    Ecrit par Elias Canetti :

    Depuis que nous l’avons touchée, la Lune a la lèpre. La Lune touchée : chaque trace humaine à sa surface nous donne un peu plus le pénible sentiment d’avoir à justifier une transgression.

    ***

    Le plus décevant, au sujet de la Lune, c’est que tout est exact ; tout ce que nous avions calculé : distance, grandeur, poids, tout est réellement comme prévu.

    ***

    Déjà les amoureux se sentent épiés par des regards venant de la Lune.

    ***

    Lorsque je pense à la Lune, tous les hommes, soudain, se teintent d’une même couleur.

    ***

    Grand est le courage des astronautes se rendant sur la Lune ; il ne vaut pourtant pas celui d’un Boschiman, seul ou avec quelques compagnons, chassant dans le Kalahari les lions qui menacent sa proie. Mais il y a ce fait nouveau, horrible : ce tout soit exécuté sur un ordre transmis par radio et qu’il n’y ait plus rien de spontané.

    ***

    etc.

    (Le territoire de l’Homme, Albin Michel, 1978)

    janvier 16, 2010 à 17 h 38 min

  53. Barbarella

    http://www.bing.com/videos/watch/video/does-the-moon-control-fate-of-humanity/26owf1ii

    alors ??? de la gnognote, la lune ??? hmmm ?

    janvier 30, 2010 à 23 h 21 min

  54. Isidore

    Very nice, indeed !

    février 2, 2010 à 18 h 49 min

  55. Quelqu’un peut-il me traduire le passage par Jupiter et le lien avec le changement d’axe de rotation de la Terre, please, je ne suis pas sûr d’avoir bien saisi.

    février 3, 2010 à 11 h 59 min

  56. 120

    Ecrit par Eric Chevillard :

    C’est pourtant vrai qu’on voit la Lune depuis la muraille de Chine !

    *

    Je n’ai pas de face cachée, me dit la Lune. C’est mon cul, et tu ne le verras pas.

    *

    Vue à travers un oeil-de-boeuf, comment la Lune pourrait-elle décroître ?

    *

    Il lui avait promis la Lune et il tint parole : ensemble ils suffoquèrent sur une terre stérile durant les quarante années que dura leur union.

    *

    Une fois par mois, sa collection d’assiettes pendue au mur s’enrichit d’une pièce rare qui les eclipse toutes ; la pleine lune à sa fenêtre.

    *

    Il nous faudrait sans doute autant d’yeux qu’il y a d’étoiles pour voir dans le ciel autre chose que du lait et la lune non plus du coup comme une écuelle renversée par un chat maladroit dans la nuit.

    (L’autofictif voit une loutre, Arbre vengeur, 2010)

    février 3, 2010 à 12 h 10 min

  57. 120

    Ecrit par Eric Chevillard :

    Il n’y a pas de lune. C’est le bout du tunnel.

    *

    Tout de même, si je n’étais pas là ce soir, la Lune ne se verrait pas dans le lac.

    *

    J’ai séjourné sur la Lune, moi, il y a… attendez… l’été 2006, j’étais à Mimizan, ça j’en suis sûr… ce devait donc être en 2005, oui 2004 ou 2005.

    (L’autofictif, Arbre vengeur, 2009)

    février 4, 2010 à 18 h 52 min

  58. 120

    Ecrit par Philippe Jaccottet :

    Le mince croissant de lune aperçu le soir dans le jardin, la serpe qui est pure illusion, qui est chose aiguë mais aussi doucement lumineuse, la « serpe de lait » qui perdra vite sa forme, qui s’inscrit un instant dans le ciel du couchant et surprend toujours, qui vous accompagne avec fidélité, lointaine, mais présente. A l’image de la serpe se lie inévitablement celle de la main qui devrait la tenir, de la moissonneuse dans quelque cortège en l’honneur de Cérès — comme si, d’une fête, n’était visible qu’un emblème au-dessus de la foule cachée par la nuit ; une chose ressentie naïvement comme bonne, amicale, à cause de l’atténuation, dans ce reflet, de l’autre lumière qu’on ne peut regarder en face. Et l’on se dit : elle est encore là, une fois de plus, elle m’est donnée sans bruit, sans histoires, et pas à moi seulement, comme depuis le commencement du monde auquel sa lueur semble me lier. C’est une serpe et c’est un lien. Cela chemine, fidèle, à croire qu’il y a vraiment là-bas un gardien faisant sa ronde pour nous défendre de la nuit.

    (Cahier de verdure, Gallimard, 1990)

    février 8, 2010 à 0 h 10 min

  59. 120

    Ecrit par Mario Mercier :

    Dommage pour ceux dont la Lune n’est pas l’amie, car sa lumière, au lieu d’agir avec bienfait sur eux, exaltera tout ce qu’il y a de trouble dans leur esprit et donnera à leurs pensées des désirs de démons susciteurs de folie ou de crimes. En effet, la lumière de la Lune est une lumière de miroir par où passe toute la cohorte des esprits qui vont se répandre sur Terre, s’enfoncer dans les eaux, habiter les arbres et les pierres.

    Et cette lumière de la Lune, on peut aussi la voir matérialisée en des formes terrestres telles que le poisson, la rainette, le crapaud, le rossignol (qui sait si bien mettre des colliers de perles musicales dans les branches des arbres où il chante), le lièvre, le chat, le loup, la chouette, le hibou, la chauve-souris, le ver… et par ces arbres comme le bouleau dont l’écorce n’est que la lumière lunaire durcie, l’aulne, le saule, le peuplier, l’if… et par ces plantes, fleurs et fruits tels que le persil, l’iris, la mauve, la glycine, la belle-de-nuit (dont je crois que, même dans l’autre-monde, je me souviendrai de son parfum), le melon, la courge, le concombre et par ces pierres précieuses que sont l’opale, l’aigue-marie, le cristal de roche, le jais, et aussi par la perle, par l’argent qui est le métal même de sa riche froideur…

    Mais pour moi, chère Lune, tu es avant tout une Déesse ; amante froide du Soleil dont la lumière projetée sur toi serait comme une semence de vie qui te rendrait périoodiquement pleine : c’est du moins l’image poétique que j’aime à tirer de votre liaison.

    Et ta lumière est aussi une échelle par où montent les esprits des hommes qui ont laissé leur dépouille en ce monde de rires et de tourments, pour accomplir un long et fantastique voyage dans l’univers de étoiles dont la Voie lactée est une des grandes rives.

    Même les cailloux que tu baignes de tes rayons deviennent les dépositaires de tes chants de lumière que tu égrènes au fil des nuits, chants de jubilation dans lequels je discerne aussi la voix du Soleil.

    Oui, chère Lune, tu n’es pas seulement une pierre froide lancée dans l’espace et te déplaçant selon un rythme propre. Tu es aussi, pour ceux qui aiment te façonner selon le pouvoir de métamorphose de leur imagination créatrice, une porte, une fenêtre, une coupe et, pour le poète que je pense être, un fruit incueillable ne dépendant d’aucun arbre, dont le parfum s’est cangé en ce ruissellement de lumière dont tu pares en certaines nuits la Terre.

    (Les fêes cosmiques, Les chants de la Vie et de l’Amour, Dangles, 1985)

    février 15, 2010 à 11 h 10 min

  60. On peut ne pas apprécier le néo-chamanisme un peu caricatural de Mario Mercier mais admettons, toutefois, pour reprendre la terminologie de Philippe Descola*, que c’est une belle tentative de contrebalancer le naturalisme moderne dominant en ravivant les pistes animique (ode à la Lune) et totémique (liste des correspondances).

    * http://www.partiprehistorique.fr/2009/06/11/couper-lhumain-en-quatre/

    février 15, 2010 à 11 h 17 min

  61. 120

    Ecrit par Philippe Jones

    […] La nuit se couche en travers du coeur, pèse et ronge ; se fait meule ou acide et ravive les plaies. Quant à la lune là-haut, elle observe ; la lune est une loupe froide. […]

    (Graver au vif, Rencontre, 1971)

    février 15, 2010 à 15 h 06 min

  62. 120

    Ecrit par Federico Garcia Lorca :

    CHANSON POUR LA LUNE

    Blanche tortue,
    Lune endormie,
    Avec lenteur
    Tu chemines !
    Fermant une paupière
    D’ombre, tu regardes
    Telle une prunelle
    D’archéologue.
    Serait-ce donc…
    (Satan est borgne)
    Une relique ?
    […]

    (Livre de poèmes, 1920)

    février 15, 2010 à 15 h 23 min

  63. 120

    Ecrit par Johann Wolfgang Goethe :

    A LA LUNE

    Pâle soeur du premier rayon,
    Image en deuil de la tendresse,
    Le nuage, en passant, caresse,
    D’un frisson d’argent ton beau front.
    Hors du gouffre au jour interdit
    Tes pas silencieux n’éveillent
    Que l’âme des morts qui sommeillent,
    Et moi et les oiseaux de nuit.

    Ton regard au loin se déploie
    Découvrant un immense espace.
    Là-haut, près de toi, fais-moi place,
    Offre à mes songes cette joie !
    Ainsi, la distance effaçant,
    Donne au chevalier le plaisir
    De voir, par les vitraux, dormir
    Celle que son coeur aime tant.

    (Elégie de Marienbad, 1770)

    février 16, 2010 à 9 h 34 min

  64. 120

    Ecrit par Jean-Pierre Le Goff :

    Le collier de perles de Lune

    L’appareil photographique sera l’aiguille qui enfilera la Lune pour en faire un collier car, tous les vingt-neuf ou trente jours, à sa plénitude, je photographierai son reflet dans une eau calme.

    Une fois sa lumière captée, je jetterai une perle nacrée portant un mot et vous donnerai sa jumelle comme on confie une clé. A chaque lunaison le mot sera différent, l’ensemble formera un collier qui sera le fruit d’un poème.

    Conduisez-moi une nuit de pleine Lune près d’une eau dormante (lac, étang, piscine, etc.). Chaque personne qui le fera détiendra ainsi, sous la forme d’un mot sur une perle, une parcelle du collier qui dira :

    Dans l’huître de la nuit
    J’ai nourri les eaux dormantes
    De la perle lunaire des mots

    Il va sans dire que les eaux que vous m’offrirez devront être exemptes de toute lumière artificielle, la pellicule photographique ne pourra accepter que celle réverbérée par la Lune et, à un moindre degré, celle des étoiles ; les lieux urbains sont a priori à exclure. Peut-être devrons-nous patienter une grande partie de la nuit en attendant que d’éventuels nuages se dissipent.

    J’attends vos propositions afin de convenir avec vous d’un calendrier.

    Le rayon solaire du soltice d’été 1989, perçu à Rials, sera le fil d’or qui aura licence de recevoir les seize perles d’argent de la Lune dont vous m’indiquerez les gîtes.

    (Le cachet de la poste (feuilles volantes), Gallimard, 2000)

    février 16, 2010 à 9 h 45 min

  65. Je ne sai spas si on peut qualifier de néo-chamanique, totémique ou animiste, la démarche singulière de Le Goff, mais elle me convient davantage que celle de Mario Mercier.

    Plus originale, moins convenue, bref plus « barge ».

    Il exprime en tout cas un talent humain peu exploité de nos jours : la « créativité rituellique ». 😉

    février 16, 2010 à 9 h 50 min

  66. 120

    Ecrit par Jean-Pierre Le Goff :

    L’IMPERCEPTIBLE ATTRACTION DE LA LUNE

    Une minute dans le temps est comme une goutte dans l’océan. Les minutes d’un jour, les 1 440 minutes d’un jour ne sont pas plus qu’un peu d’écume temporelle dans un dé. Je m’apprête à mirer la Lune au travers des 1 440 minutes d’un jour, au travers de 1 440 lentilles d’eau.

    A la période d’une pleine Lune d’été, dans la nuit du 30 au 31 juillet, je disposerai, sur un panneau peint de noir, 24 lignes de 60 gouttes d’eau. Pour ce faire, j’utiliserai 90 ml de sérum physiologique, préparation pharmaceutique qui est de la composition des larmes, dont Fleming, l’inventeur de la pénicilline, les disait imputrescibles, puis 1 g d’or liquide y sera dissous. A la lumière de la Lune, j’alignerai, au compte-gouttes, les larmes. Une photographie des 1 440 facettes de l’astre sera prise. Au lever du jour, le Soleil s’abreuvera des perles liquides, comme il le fait de la rosée. Par la suite, peut-être verrez-vous, en lumière rasante, les infimes traces d’or ou croirez-vous les aprecevoir. Même si le panneau vous paraît toujours noir, vous saurez que ce noir ne sera pas uniquement que du noir.

    Plus l’attraction de la Lune est forte, plus l’eau gonfle, la Lune détermine les marées. La goutte d’eau est de même sensible à la lune, mais les marées qu’elle y organise, étant donné sa masse si infime, ne sont en rien mesurables.

    Sachez qu’au travers de ces pupilles d’eau entrées de l’iris de la Lune c’est l’imperceptible que je donnerai à voir. Ces larmes lorsqu’elles auront séché ne laisseront qu’un reflet d’or ou son illusion. Vous êtes prévenus que peut-être rien n’apparaîtra, mais cette rêverai tangible aura effectivement lieu, la nuit dite, chez Robert Lagarde à Rials dans l’Hérault.

    Si vous pensez que cette opération psychochimique mérite votre attention, vous êtes conviés à son déroulement.

    (Le cachet de la poste (feuilles volantes), Gallimard, 2000)

    février 18, 2010 à 20 h 50 min

  67. 120

    Ecrit par Eugène Guillevic :

    On n’en finit jamais
    Avec la lune.

    On a beau la regarder,
    La peindre, écrire sur elle,

    Lui parler,
    Essayer de la caresser,

    Lui tourner le dos,
    L’insulter,

    Quand elle est là
    Elle nous verse son lait,

    Quand elle n’y est pas,
    Son lait nous manque.

    (Art poétique, Gallimard, 1989)

    février 19, 2010 à 10 h 44 min

  68. 120

    Ecrit par Francis Jammes :

    La lune dans la nuit fait songer à la Terre.
    Le Silence, fermant les yeux, entre en prière.

    (Clairières dans le Ciel, Mercure de France, 1906)

    février 20, 2010 à 12 h 24 min

  69. …et Francis Jammes, en vieillissant, à une météorite
    traversant, discrètement, les bas-fonds poétiques. 😉

    février 20, 2010 à 12 h 27 min

  70. 120

    Ecrit par Francis Blanche :

    La preuve que la lune est habitée, c’est qu’il y a de la lumière.

    (cité dans 1000 mots d’esprit, de Claude gagnière, Robert Laffont, 1996)

    février 20, 2010 à 13 h 41 min

  71. 120

    Ecrit par Guy Béart :

    LES ENFANTS DE LA LUNE

    Sur la lune il y a des enfants
    qui regardent la terre en rêvant.
    – Croyez-vous qu’aussi loin
    il y ait des humains?
    – Je n’en sais rien du tout,
    embrassons-nous.

    Sur la lune il y a des enfants,
    sur la lune ou sur Aldébaran,
    qui se disent « Sommes-nous
    dans ce monde les seuls fous? »
    et regardent la terre
    en grand mystère.

    Sont-ils bleus ou verts ou de toutes les couleurs,
    tous ces enfants d’ailleurs ?
    Sont-ils en triangle, en spirale, en carré ?
    Un jour, je le dirai.

    Sur la lune il y a des enfants
    qui regardent la terre en rêvant.
    – Croyez-vous, lui dit-il,
    qu’il y ait en exil
    sur ce bout de croissant
    un peu de sang?

    L’univers, est-il plein de vivants,
    fait d’atomes, de rayons ou de vent ?
    Je vois miraculeux
    des sapins aux yeux bleus
    qui vont branche contre branche
    tous les dimanches.

    En soucoupe, en tasse, en fusée, en cigare,
    ils dansent dans le noir.
    La queue des comètes chante et fait ronron
    aux oiseaux d’Electron.

    Sur la lune il y a des enfants
    qui s’appellent à travers le néant,
    qui s’adressent dans le noir
    des musiques d’espoir,
    par sans fil, par couleur,
    par visiteur.

    Sur la lune il y a des enfants
    qui regardent la terre en pleurant.
    – Savez-vous qu’autrefois
    y avait des gens là-bas?
    Mais depuis l’grand éclair il n’y en a pas;
    y avait des gens là-bas?
    Mais depuis l’grand éclair il n’y en a pas!

    février 20, 2010 à 14 h 00 min

  72. 120

    Ecrit par Eric Chevillard :

    On rit volontiers de ces touristes qui font l’Espagne, la Chine ou l’Islande – laissant entendre que ces pays sont désormais derrière eux, qu’ils n’y retourneront plus, que cette corvée est abattue, le dossier classé –, mais ne dirait-on pas de même que l’homme a fait la Lune ?

    (825, http://l-autofictif.over-blog.com/ , 1er mars 2010)

    mars 1, 2010 à 8 h 44 min

  73. 120

    Ecrit par Pascal Quignard :

    La lune agite les mers. La lune brasse le fond des eaux sous forme de courants. La lune soulève leur surface en bourrelets qui viennent déferler sur les côtes, qui viennent crever sur les pierres dressées, qui viennent s’élancer à contre-courant des fleuves qui s’y jettent.

    Dans l’hémisphère qui est tourné vers la lune les masses océaniques s’étirent vers l’astre comme si les deux planètes formaient entre elles un axe.

    Les mers succombent à un reste de Jadis qui exerce son ascendant encore.

    Jadis la lune était trois fois plus proche de la terre qu’elle ne l’est aujourd’hui. La lune s’est détachée de la mer comme la mère sèvre son enfant et referme peu à peu, lentement, sur son sommeil, la porte de la chambre où il dort.

    Jadis la lune, s’ajoutant au soleil plus de quatre cents fois plus proche, concourait à élever la chaleur de l’eau nocturne.

    (Abîmes, Dernier royaume III, Grasset, 2002)

    mars 7, 2010 à 20 h 26 min

  74. 120

    Ecrit par Eric Chevillard :

    Une fois par mois, la lune prend la résolution de ne plus se ronger les ongles et on dirait bien qu’elle va s’y tenir, peu à peu ils repoussent, mais c’est plus fort qu’elle, dans l’obscurité glacée, angoissante, imperceptiblement d’abord puis chaque nuit davantage, elle recommence.

    (1055, http://l-autofictif.over-blog.com/http://l-autofictif.over-blog.com/, 07/11/10)

    novembre 19, 2010 à 20 h 16 min

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