"Aux explorateurs de l’inconnu qui aiment apprendre en faisant un pas en arrière sur le chemin des ancêtres." Pascale Arguedas

Une révolution tranquille. Chapitre 2: « Lucifer ou la vanité de la pensée »

La lecture d’un ouvrage de Jiddu Krishnamurti « Vivre dans un monde en crise » (Pocket) a fait rebond sur les réflexions suscitées par la vidéo des deux cerveaux. En effet, ce penseur singulier , parcourant le monde sa vie durant, de conférences en conférences, pratiquant une forme de maïeutique pour transmettre son message de libération, n’a eu de cesse de mettre en garde contre les séductions de Lucifer : « le porteur de lumière », la part d’ombre redoutable du processus de la pensée qui anime l’humain .

Nous décrivant par le menu tout ce qui peut nous égarer dans cette expérience pourtant salutaire et libératrice, il insiste sans cesse sur la quête d’une pensée qui soit aussi une non-pensée, c’est à dire une pensée libérée de toute projection, jouant de l’idée sans en être dupe, et totalement inscrite dans le ici et maintenant de notre présence au monde : en quelque sorte une pensée capable d’unifier nos deux modes d’appréhension du monde : cerveau droit et cerveau gauche.

62 Réponses

  1. Amélie

    Je ne suis pas sure d’avoir bien saisi, Isidore : il attribue la part d’ombre de l’humain à sa seule pensée ?

    août 20, 2009 à 10 h 37 min

  2. Amélie

    (…ça titille ce qu’il me reste de la lecture toute récente des Bienveillantes et d’un bouquin de Raphaëlle Billetdoux sur les serpents qui sifflent en nous…)

    août 20, 2009 à 10 h 39 min

  3. Isidore

    Il s’agit seulement « de la part d’ombre du processus de la pensée » et non pas évidemment de la totalité de l’ombre qui anime l’humain.

    août 20, 2009 à 10 h 43 min

  4. Amélie

    d’ac… je n’étais pas bien sûre…

    août 20, 2009 à 10 h 47 min

  5. Amélie

    😉
    drôle : mon chef vient de quitter mon bureau en me rappelant que nous n’étions que des animaux…

    août 20, 2009 à 11 h 19 min

  6. L’histoire de ce type est hallucinante.

    Si mes souvenirs sont bons : repéré tout minot par les théosophes (pour la « pureté de ses auras », je crois), retiré de ses parents puis éduqué par la secte en vue de devenir le prochain « porteur du Christ »… mais qui finalement envoie tout bouler et parcourt le monde en enseignant la « libération » et le danger de toute doctrine…

    Faut admettre : pas commun, comme destin !

    août 20, 2009 à 11 h 23 min

  7. Le chef d’Amélie… ou Krischnamurti ?

    août 20, 2009 à 11 h 24 min

  8. Petite réflexion, en passant, sur l’allusion à l’animalité de l’humain : elle peut avoir plusieurs sens, selon ce qu’on entend par « animal ».

    Un petit extrait de Mangeurs de viande, De la préhistoire à nos jours de Marylène Patou-Mathis à ce propos :

    « L’Homme veut être un être unique, libéré de ses origines animales souvent perçues comme responsables de ses faiblesses. En réalité, ne se sert-il pas de cette part d’animalité comme alibi pour justifier ou excuser ses défaillances et ses déviances ? L’animal n’est pas intrinsèquement « mauvais », il est animal ; un être vivant ni inférieur ni supérieur à nous, mais simplement différent. »

    C’est vrai, après tout : l’humain est souvent beaucoup plus « bestial » — inhumain — que l’animal.

    août 20, 2009 à 11 h 35 min

  9. Amélie

    Pour en revenir au sujet d’isidore, je me sens sombrer dans un piège dès que j’essaie d’aborder la question… 🙂

    août 20, 2009 à 11 h 54 min

  10. Allez, histoire de donner raison au boss d’Amélie (en réveillant ma part non pas « bestiale » mais « agressive »), une petite critique (que j’espère tout de même constructive) de Krishnamurti.

    Je viens d’écouter (au hasard de ce que m’a proposé un moteur de recherche) cette interview :

    A son écoute je me suis sourdement dit :
    Finalement, les théosophes ont atteint leur but : il est en effet bel et bien devenu cette sorte d’instructeur du monde qu’il ont voulu faire de lui. N’est-ce pas lui, plutôt, qui est dupe en croyant s’être libéré de leur conditionnement ? En tout cas, qu’est-ce qu’il est bavard (pour ne pas dire grand chose, en plus), « bien-pensant » (avec toute la mièvrerie que cela suppose : « Quelle horreur la guerre ! ») et en fin de compte… pédant (laissant entendre qu’il a quelque chose à nous apprendre) !

    S’il était vraiment allé au bout de ce qu’il prétend avoir atteint, n’arrêterait-il pas de parcourir le monde pour « prêcher la bonne parole » et tout mentaliser ?

    Me revient la parole de Nietsche (dans Ainsi parlait Zarathoustra) que je cite de mémoire : « Je ne croirais qu’en un dieu qui sache danser. »

    Allez hop, je retourne devant les vidéos de Michael Jackson : j’ai une chorégraphie de Thriller à potasser (…pour de vrai, en plus !).

    Jiddu, tu quitte ton interview gnan-gnan et tu viens avec moi ? Tu vas voir, ça décoiffe (et tu en as bien besoin 😉 )

    août 20, 2009 à 12 h 07 min

  11. Oulah, ça persiffle !
    Amélie, tu ne veux pas passer ton livre de Billetdoux à Vincent, stp ?

    août 20, 2009 à 12 h 08 min

  12. Le « piège » que tu évoques, Amélie, n’est-il pas justement celui d’être amené(e) à penser — avec des mots — qu’il faut se méfier (voire se passer) de la pensée… et des mots ?

    Comme dit le proverbe :
    Ce qu’on sait faire, on le fait
    Ce qu’on ne sait pas, on l’enseigne
    .

    Tu viens danser ?
    Shoulder-step ; nothing-step ; shoulder-step ; shoulder-step…

    août 20, 2009 à 12 h 15 min

  13. Après (comme doit le dire Billetdoux elle-même, je suppose), c’est vrai qu’un des principes homéopathiques est que le mal se soigne… par le mal.

    Tout est alors question de dosage (différent en plus selon les individus concernés)

    août 20, 2009 à 12 h 18 min

  14. Le mal par le mal.
    Les mots par les mots.
    Peut-être…

    août 20, 2009 à 12 h 19 min

  15. Amélie

    beh voilà !
    Impossible de se pencher sur la part d’ombre de la pensée, sans basculer immédiatement dans ses eaux noires ! Comment t’y prends-tu, toi, Isidore ?
    Quant au shoulder-step… t’inquiète, c’est prévu, j’attends juste que les bureaux se vident…et je ne voudrais pas que le chef me surprenne : je l’ai déjà assez choqué ce matin, apparemment… 😉

    août 20, 2009 à 12 h 21 min

  16. Amélie

    je ne crois pas que les principes doivent s’appliquer à l’aveuglette…

    août 20, 2009 à 12 h 22 min

  17. Amélie

    Je n’ai pas écouté l’émission dont tu parles Vincent, parce que déjà, là, je passe trop de temps sur le blog – c’est bien parce qu’on est en août ! Mais d’après ce que j’ai compris de l’article, et sur le principe, je partagerais bien volontiers son opinion fondamentale; à savoir que la pensée pratiquée d’une façon exclusive, ou extrême – ou je ne sais pas comment il fait intervenir sa part d’ombre – ternit, pollue, amoindrit… Malheureusement, le fait d’en parler trop, d’y penser trop, de trop l’analyser, entraîne justement dans cet abîme qu’il montre du doigt. Une sorte de vertige : on a peur de tomber dans le vide et justement on s’y jette…

    août 20, 2009 à 13 h 43 min

  18. De 4:40 à 5:50, il raconte une fable assez explicite :

    Le Diable se promène avec un ami. Ils voient un homme qui ramasse quelque chose par terre et la met, tout réjoui, dans sa poche.

    — Qu’a-t-il ramassé ?
    — Une parcelle de la vérité, répond le Diable.
    — Ce n’est pas bon pour toi, si les hommes ramassent des parcelles de vérité.
    — Si, car je vais l’aider à les organiser.

    août 20, 2009 à 13 h 55 min

  19. En toute fin de vidéo, cependant, il refuse de parler en parabole (qui ne sont selon lui que des ombres de LA Vérité).
    Là, a priori, je le suis moins… mais faut peut-être que je prenne le temps d’écouter la suite.

    août 20, 2009 à 13 h 57 min

  20. Amélie

    Moi je pense que ce sont probablement des idées dont je peux me sentir très proche. Ce serait merveilleux de savoir se contenter de ramasser des parcelles de vérité, sans à tout prix chercher à les organiser. ce serait, pour commencer, plus humble; ce serait ensuite accepter plus de magie…

    août 20, 2009 à 15 h 35 min

  21. Isidore

    Assez d’accord avec l’aspect contradictoire de cette personnalité qui se défie des gourous et finalement le devient en quelque sorte, malgré elle. Pourtant quand on lit les comptes-rendus de ses conférences, on se rend compte aussi que les choses ne sont pas si simples . On découvre une pensée réellement vivante qui bouscule . Je pense ( sans suffisamment le connaître, j’en conviens) que Jiddu ne trichait pas et qu’il incarnait vraiment les principes exposés. Je peux me tromper mais c’est l’intuition qui s’est imposée à moi à la lecture du petit ouvrage cité.

    Quant à ce que tu essaies de faire apparaître, Amélie, j’aimerais vraiment que tu développes car je pressens quelque chose d’intéressant à creuser, au cœur du sujet. Quand tu dis par exemple: « Impossible de se pencher sur la part d’ombre de la pensée, sans basculer immédiatement dans ses eaux noires ! »

    L’essentiel pour ma part, à travers le sujet de cet article, c’est d’appréhender les forces noires qui animent aussi le processus de la pensée et de tenter une approche de discernement étant entendu que c’est à ce prix-là que peut commencer à s’exercer notre liberté de penser.

    août 20, 2009 à 18 h 23 min

  22. Isidore

    Ce que j’ai retenu aussi de cette lecture c’est l’idée fort concrète qu’il n’est pas forcément nécessaire de se laisser enfermer dans le développement linéaire et rationnel d’une pensée « cerveau gauche », ni même dans cette manière d’appréhender automatiquement les difficultés de l’existence comme « problèmes » qu’il va falloir imaginer résoudre étapes par étapes, dans cette linéarité temporelle caractéristique du monde selon le cerveau gauche.

    Car ce faisant, on oublie alors complètement qu’on peut aussi bien voir les choses d’une toute autre manière, en pensant « cerveau droit ».

    Il s’agit alors de cette permanence, de cette éternité d’un présent toujours en mouvement et où il n’y a rien d’autre à faire qu’à parvenir à regarder le réel en face, tel qu’il est, tout simplement, et à considérer que ce qui est transformable peut et doit l’être immédiatement.

    De la même manière, tout ce qui ne saurait être transformé peut simplement être considéré avec le détachement et l’acceptation de celui qui ne peut faire autrement.

    Les notions de problèmes, de difficultés, de souffrances prennent alors un tout autre sens et se mettent à agir différemment sur la manière d’envisager l’existence.

    Nous sommes tellement conditionnés à appréhender l’existence avec ce regard hypertrophié « cerveau gauche » qu’on oublie que beaucoup de choses pourraient être infiniment plus simples et moins douloureuses si on savait un peu mieux regarder « cerveau droit ».

    Penser une difficultés comme un problème durable à résoudre peu à peu va effectivement rendre cette difficulté interminable et problématique.

    La penser déjà résolue (et immédiatement de surcroît), ne peut en réalité que lui enlever l’essentiel de son pouvoir néfaste. C’est ce que j’essaie de plus en plus de mettre en pratique et je vois bien que ça fonctionne. Mais il faut une telle dose de confiance dans la vie et aussi un tel désapprentissage des réflexes à fabriquer ces insolubles problèmes que la partie est loin d’être gagnée… Mais là encore je m’invente un nouveau problème puisque je postule que ça va être difficile et long à changer.

    Il suffirait en fait que je pense avec une confiance absolue et une détermination sans faille que la chose est résolue pour qu’elle le devienne immédiatement.

    C’est du moins ce que je retire d’essentiel et de tout à fait concret de cette lecture.

    août 20, 2009 à 19 h 33 min

  23. En lisant ta description de ce que tu entends pas « voir le monde avec le cerveau droit » me sont revenues des images des romans de Cossery (j’en ai encore lu un, avec grand bonheur, cet été). Tu souscris à cette correspondance ?

    Sinon, concernant ta formulation finale (« penser avec une confiance absolue et une détermination sans faille que la chose est résolue pour qu’elle le devienne immédiatement »), je retirerais, pour ma part, carrément le terme de « résolu » (qui véhicule encore un peu de ce que tu souhaites retirer).

    Je préfère dire : « La solution au problème c’est… qu’il n’y a pas de problème à résoudre ».

    août 21, 2009 à 8 h 29 min

  24. Isidore

    Alors là c’est encore plus chiadé, puisque ça implique un véritable détachement Zen de chez Zen… mais d’un seul coup, un peu moins concret et accessible pour ma pomme. Mais peut-être, en y travaillant ?..

    août 21, 2009 à 8 h 37 min

  25. Un souvenir m’a fortement marqué, à ce propos, quand j’étais tout jeune (je ne sais plus trop quel âge). C’était du temps de l’émission de Pivot Apostrophe que nous regardions en famille. Le Dalaï-Lama était l’invité exceptionnel (toute l’émission lui était consacrée).

    Je me souviens qu’à la toute fin de l’émission, Pivot a posé cette étrange question :
    — Votre Sainteté [oui, oui, il l’appelait comme ça, ou en tout cas dans le genre], permettez-moi de vous poser cette question. Vous venez de nous raconter, pendant plus d’une heure, tous les malheurs de votre peuple et vous n’avez pas une seule seconde perdu votre sourire. Comment faites-vous donc ?

    Je me souviens très bien de la réponse du Dalaï-Lama car elle m’a halluciné (fait découvrir mon « cerveau droit » ?):
    — C’est très simple. Vous savez, chez nous, il y a un proverbe qui dit : Si vous avez un problème, soit il a une solution et dans ce cas rien ne sert de se plaindre, il faut mettre toute l’énergie possible pour le résoudre, soit il n’en a pas, et dans ce cas rien ne sert de se lamenter non plus.
    Et l’émission s’est terminée sur son grand éclat de rire.

    août 21, 2009 à 8 h 39 min

  26. Tiens, ça vaudrait le coup de retrouver l’émission en question, pour voir le degré de fidélité de ta mémoire.

    août 21, 2009 à 8 h 42 min

  27. Bon l’émission en question semble être là :

    Elle date de 1989 (tu repasseras donc avec ton « tout jeune »).
    Dommage toutefois qu’il manque la fin, avec autant de décalage entre ton souvenir et la réalité, ça nous aurait beaucoup fait rire.

    août 21, 2009 à 8 h 53 min

  28. (L’agressivité d’Ourko à mon égard n’est pas un problème à résoudre… L’agressivité d’Ourko à mon égard n’est pas un problème à résoudre… L’agressivité d’Ourko… etc.)

    août 21, 2009 à 8 h 55 min

  29. Amélie

    en d’autres termes peut-être… 🙂 :

    août 21, 2009 à 9 h 54 min

  30. (ça maaaaaarche !)

    août 21, 2009 à 10 h 04 min

  31. Amélie

    A isidore, en deux mots because faut que j’arrête de trainer trop sur le blog :
    Quand j’ai voulu poser ta question devant moi et l’observer, la décortiquer, etc, quand j’ai posé la pensée en objet à analyser, j’ai plongé la tête la première dans un abîme. J’ai rationalisé, refroidi, aplani, mis en perspective… et voilà : j’avais perdu toute pensée immédiate…
    C’est un pli qu’on a tous, j’ai l’impression. Est-ce qu’il nous vient naturellement ? Là je doute…

    août 21, 2009 à 10 h 22 min

  32. A mon avis (mais ce n’est que mon avis), l’abîme en question vient de ce paradoxe : la pensée est un « double » que nous créons du monde avec des mots ou, si on préfère, un « reflet » (plus ou moins parcellaire) du monde dans notre mental.

    Pour le dire autrement, par la pensée (que le groupe nous apporte via le langage) nous devenons inexorablement « doubles » : à la fin de l’enfance, il y a en nous — désespérément séparés — celui qui vit (qui ne se pose pas de questions) et celui qui pense (qui se définit en tant que Moi »).

    Comme l’analyse, me semble-t-il, assez bien Quignard, nous sommes ensuite toute notre vie hantés par le souvenir du « Paradis perdu », cette phase de notre prime enfance où nous n’étions pas séparés par le langage du Tout environnant. Où nous ne nous prenions pas encore pour un « Moi » séparé du monde.

    Ce Paradis est cependant définitivement « perdu » : il est en effet impossible de retirer le langage et la pensée une fois qu’ils se sont introduits en nous.

    Tenter d’y parvenir tout de même, par la pensée et le langage, est à mon sens l’archétype de « la maladie qui se prend pour le remède ». D’où l’impression d’abîme que l’on peut sourdement ressentir : plus on pense (la part d’ombre de la pensée ou je ne sais quoi d’autre) et plus on se coupe en deux (et augmente, par conséquent, la part d’ombre).

    août 21, 2009 à 10 h 47 min

  33. Amélie

    tip top Vincent ! C’est exactement ça.
    Maintenant pousse la table et les fauteuils, récupère le vidéo proj, et révise !

    août 21, 2009 à 11 h 13 min

  34. Traduction en « cerveau droit » :

    — Mais que fais-tu sous le lampadaire ?
    — Ben… je cherche mes clés.
    — Mais tu les as perdues là-bas, dans le noir.
    — Oui, je sais, mais il n’y a que là, sous la lumière du lampadaire, que je peux avoir une chance de les retrouver.

    août 21, 2009 à 11 h 16 min

  35. Amélie

    je ne sais pas vous, mais j’ai eu une grosse phase de pensée-langage (entre 12 et 30 ans environ), et puis une saturation, et depuis quelques années, carrément un rejet…pas total évidemment (ce serait de toutes façons incompatible aussi bien avec ma nature que mon métier), mais je n’ai plus cette ivresse. D’ailleurs c’est un peu comme la boisson : jeune on boit comme des trous, on est abonnés aux dimanches-gueules de bois, et si certains continuent, d’autres avec l’âge se mettent à boire beaucoup plus modérément… oui j’en conviens elle est bizarre mon image ! Mais elle était immédiate !

    août 21, 2009 à 11 h 20 min

  36. Autre version :

    — Mais que fais-tu sous le lampadaire ?
    — Ben… je danse dans la lumière, comme Michael Jackson.
    — T’as vraiment rien d’autre à faire ? Je te rappelle tout de même que tu viens de perdre tes clés.
    — Oui, je sais, mais comme je les ai perdues dans le noir, je n’ai pratiquement aucune chance de les retrouver, alors autant danser…

    août 21, 2009 à 11 h 21 min

  37. Amélie

    hihihihi
    hahahaha
    huhuhuhuhuhu !

    août 21, 2009 à 11 h 24 min

  38. ça, Amélie, c’est l’essence même du hahaha-hihihi-kukuku. Chapeau !

    août 21, 2009 à 13 h 15 min

  39. Isidore

    Cette manière de voir le langage comme celui qui signe la rupture avec le paradis perdu de l’innocence enfantine, et aussi la pensée qui ne sait qu’analyser, décortiquer et briser finalement l’élan initial plein de magie, n’est ce pas simplement stigmatiser une tyrannie « cerveau gauche » plutôt qu’un vice rédhibitoire du langage et de la pensée ?

    En effet lorsque ce même langage et cette même pensée se trouvent sous la direction du cerveau droit, ces problèmes ne se posent plus (ou différemment).

    Là alors surgissent la langue des poètes et la pensée créatrice. Il n’y a plus de paradis de l’enfance à reconquérir puisque le monde reste enchanté et toujours accessible dans sa magie primordiale. La pensée ne se laisse plus fasciner par son vice luciférien de tout décortiquer et de tout diviser en d’irréductibles oppositions, ou plutôt, si elle le fait, c’est sans en être dupe, pour le simple plaisir du jeu et de l’émulation intellectuelle.

    Mais il s’agit bien toujours de langage et de pensée, non ? Et j’ai bien l’impression que c’est ce que tente de nous dire Jiddu.

    août 21, 2009 à 15 h 25 min

  40. Amélie

    Je ne me base que sur ce que vous écrivez : je n’ai pas d’autre connaissance de jiddu; J’aimerais aller dans ton sens Isidore, mais j’ai plutôt l’impression que cerveau gauche et droit oeuvrent de concert, et que le cerveau droit ne peut par nature se substituer au cerveau gauche. Je ne pense pas qu’une création caractéristique du cerveau gauche ( la pensée rationnelle), puisse réellement être reprise puis façonnée par le cerveau droit (pour en faire une pensée magique par exemple). J’imagine plutôt un effort de l’individu pour baisser les curseurs du cerveau gauche ce qui a pour effet de libérer l’expression du cerveau droit, avec toujours le cerveau gauche en sourdine.
    Tu vois ?

    août 21, 2009 à 15 h 33 min

  41. Amélie

    ça n’est pas forcément contradictoire avec ce que tu disais. C’est juste une autre appréhension peut-être.

    août 21, 2009 à 15 h 34 min

  42. Amélie

    je crois que ce qui serait intéressant, plutôt que des spéculations, ce serait un cas clinique : une personne avec le cerveau gauche détruite peut-être encore parler par exemple ? Si oui, quel type de langage ?

    août 21, 2009 à 15 h 38 min

  43. Isidore

    Pour être plus juste, et dans la mesure où le langage articulé semble être produit par le cerveau gauche (comme nous l’explique très bien la vidéo sur les deux cerveaux), il s’agit plutôt, non pas de faire taire ce cerveau là, bien entendu, mais de stimuler et de laisser le cerveau droit intervenir en même temps.

    J’ai l’impression que notre civilisation a inventé je ne sais quel processus capable de déconnecter le cerveau droit à partir du moment où le cerveau gauche fonctionne. C’est absurde et ça crée des faux problèmes existentiels.

    Le seul remède à mon avis (c’est la raison pour laquelle j’ai intitulé cette série d’articles: « une révolution tranquille ») consiste à apprendre à réactiver le cerveau droit lorsque le cerveau gauche fonctionne. Et ça ne me semble pas si compliqué que ça. Je pense même que c’est ce qui nous est le plus naturel au monde dès lors qu’on ne s’obstine pas à le contrarier.

    août 21, 2009 à 15 h 38 min

  44. Amélie

    🙂
    moi j’aurais besoin d’exercices pratiques et de cas concrets… d’abord pour observer les tendances naturelles de mon cerveau, ensuite pour les corriger (au besoin).

    août 21, 2009 à 15 h 45 min

  45. Peut-on postuler que le cerveau droit fonctionne en images (comme en rêve) et le cerveau gauche en mots ?

    août 21, 2009 à 17 h 54 min

  46. Isidore

    Des exercices ? Des cas concrets ? Je ne sais pas si en la matière il existe quelque recette qui vaille ni quelque modèle qui puisse convaincre. J’ai plus l’impression que tout ceci dépend plutôt de l’intensité du désir de faire chanter ensemble la part de nous-même qui aime se fondre dans les majestueux espaces du » vaste sentiment océanique » et celle qui préfère fricoter avec les fiers élans d’une intellectualité débridée, ou aussi, peut être, du désir de construire un langage et une pensée plus fleuris, plus riches en images, en sensations, en musicalité. Ensuite, chacun est bien en mesure d’inventer les techniques appropriées adaptées à son cas…

    août 22, 2009 à 16 h 14 min

  47. Isidore

    Tiens Vincent, je viens de relire le texte de ton lien du précédent article (AVC ou le mystère des deux cerveaux). C’est pile dans le sujet de ta question.
    http://cerveaudroit.ouvaton.org/article.php3?id_article=25

    août 23, 2009 à 16 h 32 min

  48. Avec quel(s) hémisphère(s) rêve-t-on ?

    août 23, 2009 à 18 h 41 min

  49. Isidore

    Tu as une idée, toi ?

    août 23, 2009 à 21 h 07 min

  50. Ben… vu mon hypothèse du commentaire 46 et mon impression de rêver en images plutôt qu’en mots, je serais enclin à supposer qu’on rêve en « cerveau droit », mais je soupçonne en même temps la réalité d’être bien plus complexe que ce genre de simplification mentale.

    Je posais juste ici ma question, au cas où quelqu’un ait des éléments sur le sujet, afin de m’éviter d’avoir à chercher.

    août 24, 2009 à 9 h 51 min

  51. Amélie

    Etant donné la drôle de tournure que peuvent prendre certains rêves, à partir de mots (type analyse lacanienne), je rechigne à amoindrir la participation du cerveau gauche dans l’histoire…

    août 24, 2009 à 10 h 09 min

  52. Allez vas-y, Amélie, raconte-nous donc tes rêves lacaniens ! 😉

    août 24, 2009 à 12 h 00 min

  53. Amélie

    j’peux pas, Ourko : Vincent est toujours dedans !

    août 24, 2009 à 12 h 09 min

  54. 120

    Rêve et hémisphère droit

    Dans une étude sur 2525 souvenirs de rêves, M. Jouvet observe une dissociation dans le fonctionnement des hémisphères cérébraux. Dans un rêve, une phrase est perçue distinctement et le visage qui la prononce reste inconnu. Dans un autre rêve, une personne bien identifiée s’exprime d’une façon incompréhensible. Tout se passe comme si, pendant le rêve, le cerveau était dédoublé, un seul hémisphère s’exprimant à la fois.

    Ces observations attirent l’attention sur l’hémisphère droit. La culture occidentale, essentiellement verbale et logique, privilégie le cerveau gauche et étouffe un cerveau droit imagé, auditif, alogique et intemporel.

    L’hémisphère droit n’a presque aucune fonction logique ! Certains malades ont subi une section des commissures interhémisphériques. Ils ont un cerveau dédoublé, un « split brain » (comme le dessert du même nom). L’hémisphère droit peut être testé séparément du gauche. Il est « muet » et ne s’exprime pas avec des mots. Il reconnaît un visage et un air de musique, mais il ne distingue pas le oui du non. Le cerveau droit, comme le rêve, utilise des images, des impressions sensorielles, des séquences visuelles et auditives.

    Nos rêves compensent le déséquilibre psychique moderne et y apportent le langage inconnu, les perceptions et les images de cet hémisphère droit négligé. L’exemple de von Kekule est caractéristique. Son cerveau gauche, verbal et rationnel, se heurte au problème de la structure du benzène. La solution apportée par le rêve est l’image d’un serpent qui se mord la queue. Cette réponse n’est pas rationnelle, mais elle est cohérente et utile.

    Les rêves de l’homme moderne compensent la domination, le despotisme de son cerveau gauche.

    Chez les peuples primitifs, la situation est inversée. Les fonctions logiques et verbales de l’hémisphère gauche sont peu différenciées. Les rêves corrigent ce déséquilibre et le cerveau gauche, rationnel et verbal, s’y exprime davantage que chez l’homme moderne. Dans leurs rêves, les hommes entendent la voix du Grand Esprit, les pierres et les animaux parlent.

    Freud prétendait expliquer l’incohérence apparente du rêve par une censure des désirs refoulés.
    Ce déguisement des désirs est un jeu de dupes incompatible avec une fonction physiologique vitale, et l’hypothèse de Freud est inutile. L’incohérence apparente du rêve s’explique simplement par l’activité de l’hémisphère droit au cours du rêve. Le rêve est naturellement imagé, non verbal, alogique, intemporel, libéré de la domination de l’hémisphère gauche.

    (extrait de http://pagesperso-orange.fr/jmcmed/reves/4fonct.htm )

    août 24, 2009 à 12 h 12 min

  55. Wahou !
    Le rêve serait donc une sorte de « compensateur » : très cerveau droit dans les cultures cerveau gauche, et cerveau gauche dans les cultures cerveau droit.

    Qu’est-ce qu’on peut être stupides, du coup, nous autres Occidentaux modernes, à nous fatiguer à essayer de comprendre le monde en période de veille, alors qu’il suffirait de rêvasser toute la journée et de laisser l’inconscient faire le « boulot » la nuit !

    août 24, 2009 à 12 h 17 min

  56. Amélie

    Vincent, tu ne veux pas développer notre discussion d’hier soir, sur ce que leur cerveau gauche a pu, dans leur sommeil, apporter aux préhistos ?

    août 25, 2009 à 12 h 05 min

  57. On a juste repris, me semble-t-il, l’idée esquissée dans ce paragraphe du commentaire 55 :

    « Chez les peuples primitifs, la situation est inversée. Les fonctions logiques et verbales de l’hémisphère gauche sont peu différenciées. Les rêves corrigent ce déséquilibre et le cerveau gauche, rationnel et verbal, s’y exprime davantage que chez l’homme moderne. Dans leurs rêves, les hommes entendent la voix du Grand Esprit, les pierres et les animaux parlent. »

    Et la conséquence que j’en avais déduit au commentaire suivant :

    « Qu’est-ce qu’on peut être stupides, du coup, nous autres Occidentaux modernes, à nous fatiguer à essayer de comprendre le monde en période de veille, alors qu’il suffirait de rêvasser toute la journée et de laisser l’inconscient faire le “boulot” la nuit ! »

    Mais ça mérite sûrement, tu as raison, davantage de développement. J’envisage de relancer la question du « rêve » un de ces quatre… J’ai en effet plein d’éléments, à droite et à gauche (notammment chez Grozda et Quignard), que j’aimerais rassembler, comparer, et faire mûrir.

    août 25, 2009 à 13 h 55 min

  58. Isidore

    Je te propose un titre:
    « Rêves chez les anthropophages » 😉

    août 25, 2009 à 14 h 07 min

  59. Amélie

    On disait aussi que s’ils vivaient en se reposant sur leur cerveau droit toute la journée, leur cerveau gauche procédait sans doute la nuit aux rapprochements et déductions logiques qui, le jour suivant, leur donnaient l’intuition de goûter telle plante pour soigner une colique, ou de fixer une pierre coupante au bout d’un bâton…

    août 25, 2009 à 14 h 17 min

  60. Amélie

    ça expliquerait sans doute ce qu’on avait vu dans un documentaire animalier : que certains grands singes connaissent les propriétés pharmaceutiques de certaines plantes et sachent les utiliser.
    Ca ouvre des perspectives qui seraient peut-être plus intéressantes de creuser entre nous, non ? (avant de céder la place à Quiqui et Grozda)

    août 25, 2009 à 14 h 45 min

  61. Amélie

    En plus, Grozda ne serait pas content d’être accollé à Quiqui comme ça… 🙂

    août 25, 2009 à 14 h 47 min

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